Post Pop Depression
7.1
Post Pop Depression

Album de Iggy Pop (2016)

En ce début 2016, Josh Homme et Iggy Pop ont la gueule de bois des survivants : du concert de EODM au Bataclan, de la disparition de l'étoile David, et sans doute comme pas mal d'entre nous de la mort de beaucoup de nos illusions. Faire de la musique est ce qu'ils savent faire de mieux, "Post Pop Depression" - beau titre, belle pochette - est le meilleur message qu'ils ont trouvé à nous envoyer. Passé une légère période d'adaptation nécessaire (seulement deux - très courtes - montées de tension, pas de rock qui bastonne : les vieilles habitudes n'ont pas cours ici), "Post Pop Depression" s'avère être un album indispensable, qui s'immisce doucement dans notre quotidien pour le nourrir de sensations chaudes : jadis, quand les gens écoutaient encore des albums, on aurait appeler cela un "disque de chevet". Il est par trop évident de le "vendre" en le qualifiant de meilleur disque de l'Iguane depuis le duo "The Idiot" / "Lust for Life" : c'est le cas, mais il n'y a pas non plus vraiment de concurrence, honnêtement. Mais en fait, "Post Pop Depression" fonctionne à autre niveau que le reste de la discographie d'Iggy ou de Homme : ici, on ne roule pas les mécaniques, on lèche et on panse les blessures. On prend soin du cœur plutôt que des jambes. On refait faire un dernier tour de piste aux souvenirs, surtout ceux de Berlin avec David, dont l'ombre est ici omniprésente : certains morceaux pourraient avoir été composés en 1977 par Bowie, à l'époque de "Low" et "The Idiot", beaucoup semblent soudainement recueillir le souffle de sa voix. Je n'ai pas réussi à identifier parmi les notes de pochette qui avait composé les chansons, mais elles réalisent une synthèse impressionnante entre "tradition" et modernité, évoquent QOTSA tout en permettant à Iggy de les habiter confortablement. "Post Pop Depression" nous offre en outre un bouquet de 9 chansons variées mais toutes riches de sensations : la plus faible, "In the Lobby" évoque curieusement la dernière période de Van Der Graaf, la meilleure, "Paraguay", clôt magnifiquement l'album dans une hémorragie d'émotions. La plus pop, "Chocolate Drops" séduira la ménagère de moins de 50 ans. La plus accrocheuse, "American Valhalla", est considérée comme une merveille par les Last Shadow Puppets (l'ami Matt Helders officie superbement derrière ses fûts sur tout l'album). La première, "Break into Your Heart" devient une obsession qui tourne en boucle dans votre tête après 3 écoutes... Mission accomplie, Josh et James : nous échapperons encore cette année à la dépression. [Critique écrite en 2016]

EricDebarnot
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums d'Iggy Pop, Les meilleurs albums de 2016 et Liste chronologique des concerts auxquels j'ai assisté [en construction permanente]

Créée

le 2 avr. 2016

Critique lue 824 fois

20 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 824 fois

20

D'autres avis sur Post Pop Depression

Post Pop Depression
-IgoR-
8

Last Pop Depression

On dit que c’est le dernier. Le dernier né, le dernier à naître du dernier survivant d’une génération pas comme les autres. Auprès de ses Stooges péniblement réunis, l’Iguane inonde à bout de forces...

le 19 mars 2016

34 j'aime

6

Post Pop Depression
EricDebarnot
8

Survivants

En ce début 2016, Josh Homme et Iggy Pop ont la gueule de bois des survivants : du concert de EODM au Bataclan, de la disparition de l'étoile David, et sans doute comme pas mal d'entre nous de la...

le 2 avr. 2016

20 j'aime

Post Pop Depression
OrangeApple
10

Pour qui sonne le glas ?

Je vais pénétrer dans ton cœur par effraction Jusqu’à ce que le mur s’effondre Et que tu me laisses finalement entrer ….annonce Iggy dans un esprit bien Stooges, mais c’est un Iggy grave et buriné...

le 8 janv. 2017

14 j'aime

3

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

205 j'aime

152

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

191 j'aime

115

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

190 j'aime

25