Pardonnez cette comparaison qui pourrait paraître douteuse à certains et qui à mon sens ne rend pas vraiment justice ni honneur au premier. C’est que si j’aime beaucoup le rap, je n’en suis ni un spécialiste, ni un fanatique (quoique).
Mais comment ne pas s’étonner, quand on est comme moi un fan de la première heure de Claude MC Solaar, de la continuité qu’on observe entre cet album de Gyneco et les premiers opus de l’As de Trèfle ?
Nous sommes en 1996. Doc sort son premier album solo après le succès inouï du Ministère A.M.E.R dont il était membre. Il n’est pas encore le douchebag qu’il deviendra quelques années plus tard. A cette date, Solaar a déjà sorti ce qui restera comme ses deux meilleurs albums (Qui sème le vent récolte le tempo et Prose Combat) et planche sur son prochain coup, un double album que Polydor éditera en deux fois : Paradisiaque et MC Solaar, sortis en 1997 et 1998.
Voici plusieurs illustrations de mon rapprochement :
« Caroline » et « Vanessa » : au romantisme bouleversant de Solaar, Doc oppose sa libido avec tout autant de style et de panache. On voit ici déjà l’opposition, ou la continuité à mon sens, de deux générations de rappeurs, à la culture et aux valeurs différentes, certes, mais qui surtout traduisent une volonté commune de marquer la discipline de leur patte.
« A dix de mes disciples » ou « Obsolète » et « Classez-moi dans la variet » : même croisade contre ce genre assez protéiforme qu’est la variété, tout en s’en prenant un peu aux collègues au passage. Même s’il est vrai qu’on touche ici à une thématique « marronnier » du Rap en général (pourquoi ce que je fais c’est du rap et ce que font les autres c’est de la mouerde), les deux gus partagent une ironie consommée sur le sujet.
« Victime de la mode » et « Les filles du moove » : là encore, une similitude dans le thème qui ne se retrouve pas dans le style. Solaar dénonce avec douceur, Doc clashe avec cynisme. Mais la réalité dénoncée est la même, et force est de constater que, vingt ans plus tard, leur pamphlet n’a pas eu l’effet d’électrochoc escompté quand on voit toutes ces petites michtoneuses ici et là.
Plus tard on retrouvera d’autres exemples de correspondance thématique de cette filiation (tout à fait supposée je le rappelle) : « Lève-toi et rap » et « Né ici » : sur le retour aux sources sur le mode « savoir d’où tu viens pour savoir où tu vas » ou encore « Paradisiaque » et « Dans ma rue », autre poncif rapesque mais traité ici avec une consonance légèrement troublante. On pourrait, je crois, en trouver d’autres.
Voilà, rien de bien profond ni d’essentiel mais une réflexion comme une autre sur ce que m’évoquent ces deux stars du rap français des early 90s, et en particulier sur l’inspiration que Solaar aura donnée à sa génération (wink). Et ça, j’y tiens.