Un album "bien nommé"!
Oui, cet album est bizarre. Et ça, Panic! l'avait bien senti, parce que, pour se sentir obligé de préciser dès l'intro, "You don't have to worry / Cause we're still the same band", c'est qu'il y a...
le 18 mai 2013
4 j'aime
Sans aller jusqu'à la comparaison forcée et toujours un peu stérile, on ne peut s'empêcher de trouver dans les arrangements presque baroques, les mélodies simplement entêtantes et la rigueur créative de la composition de Pretty. Odd. une succession au Sgt. Pepper qui n'aurait pas à rougir face à son ancêtre. Comme si, quarante ans plus tard, le Lonely Hearts Club Band était de retour, sans les voix du duo le plus magique de la musique pop, mais avec toujours autant de talent.
Un exploit tout à fait exceptionnel, d'autant plus à la vue du reste de la discographie d'un groupe que l'on peut considérer avec un peu de prétention comme médiocre. Ce deuxième album est donc une anomalie, voire carrément le résultat d'une faille spatio-temporelle tellement le résultat est à des années-lumière de ce qui fait l'identité de Panic! at the Disco (rien que le nom du groupe donne une idée du niveau...). Une bizarrerie qui aura fait son chemin des tréfonds de mon adolescence bercée à la pop punk dont vient le groupe, parfois de grande qualité mais le plus souvent trop inégal pour y prendre désormais du plaisir sans le pouvoir de la nostalgie, jusqu'à aujourd'hui.
D'anomalie, c'est bien de ça qu'il est question sur cet album. Un regard sur les paroles nous en dira un peu plus : dans Pretty. Odd., le jour rencontre la nuit pour donner au ciel une couleur dorée éclatante, les pensées éclosent à 9 heure de l'après-midi, et on suit les tambours de la parade derrière la mer. La pointe de surréalisme qui donne à ces paroles toute leur saveur sans jamais trop en faire offre à l'auditeur un espace d'appréciation hors du temps, où le rêve est un but que l'on se plait à rechercher dans une folie entièrement personnelle et subjective. Une folie qui donne à voir une plus grande réalité, ou du moins une réalité plus poétique. Plus personnelle, et de ce fait plus... réelle.
But who could love me? I am out of my mind
Throwing a line out to sea to see if I can catch a dream
Ces vers tirés de She Had the World l'expriment bien : cette folie poétique rend conscient de la réalité d'une subjectivité de laquelle on ne peut s'échapper, mais de cette prise de conscience naît l'apaisement d'une partie de pêche que l'on devine infinie au milieu d'une mer qui l'est tout autant.
La créativité comme moyen non pas d'échapper à une réalité qui ne se préoccupe pas de nous, mais d'y trouver sa place.
And we're all too small to talk to God
Yes, we're all too smart to talk to God
Deux vers dont l'infinie poésie ne pouvait exister que parce qu'elle précède une joie exprimée musicalement, et donc intimement. Le groupe n'atteindra plus jamais cet état de grâce, mais tant pis, il aura de toute manière démontré que la créativité est quelque chose d'intemporel, et que cet album est destiné à rester gravé dans les mémoires de ceux qui sauront s'y laisser bercer.
If all our life is but a dream
Fantastic posing greed
Then we should feed our jewelry to the sea
For diamonds do appear to be, just like broken glass to me
And then she said she can't believe
Genius only comes along in storms of fabled foreign tongues
Tripping eyes and flooded lungs
Northern downpour sends its love
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Créée
le 5 avr. 2019
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