Ah, difficile de se prononcer sur ce fameux Prism, 3eme album de Katy Perry, desormais pop-icon bien installée dans le paysage médiatique mondial. A l'heure où j'écris ces lignes, la belle a vendu des singles par millions, entame la tournée européenne du, visuellement impressionnant, Prismatic World Tour et s'est permis d'enflammer la mi-temps du dernier Superbowl.
Bon et après, ce Prism que vaut-il vraiment? Lancé fin 2013 par le biais du single Roar, qui ouvre l'album, ce troisième opus se démarque clairement de son prédécesseur en se voulant plus intimiste et plus profond au niveau de l'atmosphère et des textes.
Bien entendu, Katy Perry conserve le statut de song-writer de qualité avec des rimes astucieuses et de nombreuses références à l'amour et au sexe usant de métaphores plus subtiles qu'il n'y paraît (Birthday). De ce coté-là, les fans ne seront pas déçus. Difficile d'être déçu d'une manière générale par cet album... Et pourtant...
Pourtant je dois vous avouer que les premières écoutes ne m'ont pas rendus aussi enthousiaste que ça. Teenage Dream fût une telle explosion de pop festive et gentillette qu'il est difficile de passer à une autre atmosphère. Oui mais voilà, les problèmes personnels de la star sont passés par là. Je veux bien sûr parler de son divorce avec Russel Brand. Il semble que cet événement ait lancé une nouvelle perspective artistique chez Katy Perry. Celle-ci a débuté avec Wide Awake et le film-documentaire Part of Me qui traite de manière assez longue ce sujet. Malheur oblige, Prism se veut donc plus sombre et mature.
Et c'est l'inspiration qui en pâtit, ce qu'on pourra regretter et pointer du doigt comme le défaut majeur de cet album. A force d'user et d'abuser d'un même thème, les paroles sont mises en avant au détriment du travail musical. 90% des compos étant portées par un beat électro des plus classiques. Bien que Katy Perry puise toujours dans ses nombreuses références musicales (Rock avec International Smile, Hip-Hop pour Dark Horse, Eurodance sur Walking On Air...), on ne peut s'empêcher de penser que la californienne aurait pu faire bien mieux et plus recherché.
Doit-on pour autant s'offusquer d'un manque de traitement sur ces chansons? Pas tant que ça, car finalement, ne perdons pas de vue que Katy Perry fait de la pop, ce qui est forcément divertissant et mainstream. Et sur ce point-là, Prism est efficace et accomplit son objectif. Les 5 singles choisis par l'artiste sont tout simplement parfaits dans leur rôle. Dans l'ordre: Roar, Unconditionally, Dark Horse, Birthday et This Is How We Do constituent les fiers portes-drapeaux du disque, chacun rendant compte de la diversité musicale dans laquelle baigne la miss. On passe de la power-pop basique, à la ballade lancinante, au rock-électro... La variété est toujours présente et il n'y a pas à se plaindre.
Mais Prism cache aussi quelques pépites qui n'ont pas eu les honneurs d'une sortie individuelle. Commençons par citer Legendary Lovers probablement le meilleur titre de la galette et sa mélodie à la sitar. Le chant est toujours bien maîtrisé et porte magnifiquement ce morceau. International Smile, gagne la palme du titre le plus énergique grâce à son riff entraînant et son petit solo "Daft Punkien".
La dernière partie de l'album est réservée aux ballades et il faut avouer que c'est un domaine dans lequel Katy Perry excelle. Double Rainbow et By The Grace of God sont 2 moments forts de l'album. L'un atmosphérique avec son beat discret et la voix suave de Katy qui rappelle son timbre de "Not Like the Movies". L'autre traitant directement de son récent chagrin d'amour et, bien qu'il ne s'agisse pas de la plus inspirée de ses ballades, elle n'en est pas pour le moins émouvante. A ce propos, nombreuses sont les critiques que l'on à fait sur la voix de la chanteuse en concert, je les invite à chercher des versions live de ce titre.
Prism, à l'instar de Teenage Dream, porte bien son nom. Il est varié et coloré. Mais fatalement il souffre de la comparaison avec le dernier cité, et on s'aperçoit bien vite que l'album est moins travaillé musicalement, ce qui est en fait le seul reproche que l'on peut lui faire. C'est d'autant plus dommage que, sur la version deluxe on trouve 3 excellents bonus tracks qui auraient dû se trouver sur la version de base. It Takes Two est un des meilleurs morceaux de Katy Perry (co-composé avec Emeli Sandé), Spiritual rappelle les meilleurs moments de Kate Bush ou Madonna.
Prism doit être vu comme une thérapie pour Katy Perry, cela se ressent instantanément dans les textes et la thématique sur-exploité (Roar, Ghost, Love Me, By the Grace of God) et nous pourrons lui pardonner ce petit manque d'inspiration. Le divertissement est-là, en atteste sa tournée actuelle. De quoi se plaindre de plus? Et puis... Elle est magnifique! (Effectivement ce dernier point n'apporte strictement rien à la chronique.)