Pnl se présente comme un groupe de 2 Mc, Adeno, à la voix plus grave que son compère, qui veut sa go du Venezuela et N.O.S qui se met à parler espagnol à la frontière qui nous parlent de bicrave sur des drums trap.
Pnl, c'est un album de trap de plus, alors?
Naïfs que vous êtes.
Pnl ont trois choses que le projet de rap moyen n'a pas, le charisme, la sincérité et des prods folles.
Les textes de Pnl sont pas forcément bien meilleurs que ceux de la concurrence, mais ils ont une manière de les rapper qui fait qu'ils éclipsent plus ou moins tout le monde, ils dégagent une espèce d'aura, quand d'autres se contentent d'essayer d'avoir l'air méchants. Quand les deux parisiens parlent de quotidien entre gris et vert, ils s'inventent pas un personnage, ou alors font ça tellement bien que je ne m'en rend compte, et ça crée une atmosphère de proximité qu'on a pas forcément avec d'autres albums. Et c'est rafraîchissant.
Pnl sont uniques.
Leurs prods, parlons-en.
Elles suivent plus ou moins toutes le même schéma, et font preuve d'une cohérence assez hallucinante pour un premier jet, elles sont toutes construites sur des claviers brumeux, quelques samples de chœurs, et des drums très sèches, comme si un producteur de cloudrap s'était décidé à travailler avec la 808 Mafia, ou si un producteur de trap avait décidé d'allonger des boucles pour les "cloudifier". Et ça donne des instrus qui restent en tête et qui, paradoxalement, sont inaliénables aux Mc, qui semblent parfaitement dans leur élément sur ces instrus assez lentes. Parfois même, les deux parisiens s'accordent un break et se mettent à kicker sec, et on se dit qu'un titre supplémentaire dans lequel ils donneraient tout ce qu'ils ont pourrait être intéressant. Les featurings n'apportent pas forcément beaucoup, mais Rkm kick plutôt bien sur Athena, mais se fait très vite rattraper par les piliers, et ne peut briller à sa juste valeur.
Enfin, Pnl ont, et ça doit bien être les seuls actuellement (avec D.F.G.D.G.B. et Butter Bullets) à avoir un vrai univers. Ils font souvent référence au Livre de la Jungle, ont un titre qui s'appelle Simba, une vraie identité visuelle, des gimmicks marqués : "j’emmène la misère en ballade" qui revient souvent qui appuie encore plus cette impression de cohérence et de véritable alchimie netre tous les artisans de cette complexe machinerie.
Finalement, Pnl, c'est ça. Peu de flamboyances, mais quand il y en a, elles sont réussies ("dire au fils à sa sœur, fais la bise à papa" ), une solidité constante et une cohérence presque incroyable pour un premier album. Cependant, cette cohérence fait qu'il est difficile de se souvenir d'un morceau seul, ils sont tous bons, donc aucun n'est largement au dessus.