Débuts fracassants
Cet album occupe une place unique au sein de la discographie de Queen : qui aurait cru, au moment de sa sortie, que quinze ans plus tard le groupe ferait la BO presque pop d'un film déjà ringard ...
Par
le 20 déc. 2011
10 j'aime
1
J'ai vraiment du mal avec la fanbase de Queen. Le plus souvent, quand on abordera les "nouveaux fans" (ceux qui ont vu le film), ils nous parleront de LA seule et unique chanson, Bohemian Rhapsody, et quelquefois bégayer quelques autres titres comme We Will Rock You ou Who Wants to Live Forever (si j'ai de la chance). Mais, pour beaucoup de fans, avant A Night at the Opera, le parcours de Queen se résumerait à une vague Terra Incognita qu'on ne veut pas découvrir. C'est souvent la raison pour laquelle très rares sont ceux qui veulent creuser la discographie avant le single du millénaire. Mettons les pieds dans le plat, ils ont franchement tort. Queen était autant, sinon plus expérimental, créateur et puissant avant Bohemian Rhapsody. Et leur premier album nous le prouve.
Toute personne ayant vu le film saura expliquer la genèse de Queen : en 1971, le groupe composé de Brian May à la guitare, de Freddie Mercury au chant (what else ?) et Roger Taylor à la batterie, ayant déjà refourgué aux vestiaires leur ancien nom de Smile pour celui de Queen, trouvent celui qui allait être leur compagnon à la basse pour deux décennies supplémentaires : John Deacon. Dès Décembre 1971, c'est donc un nouveau groupe, contrastant avec le premier, qui entre en Studio et commence à écrire leurs premiers titres, en y incorporant les titres de Smile. À l'époque, toute la scène musicale du Rock était monopolisée par les Quatre Grands du Rock : les sulfureux Rolling Stones, les prodiges de Deep Purple, le ténébreux Black Sabbath, et enfin le talentueux Zeppelin. À la fin de l'année 1971, le quatrième album de ce dernier groupe était dans toutes les têtes des mélomanes à six cordes. Autant dire que la tendance était au Hard Rock, même si Queen ne tombera jamais dans le pastiche du rock zeppelinien; au contraire, tous les titres de l'album ont leur propre empreinte si caractéristique du son Hard de Queen. C'est onze mois plus tard, en Novembre 1972, que le groupe termine sa maquette de l'album : il faut attendre, au Royaume-Uni, encore huit mois pour voir, dans les points de vente, cette pochette de noir et de mauve sertie,arborant un Freddie tenant haut son trophée (ou un micro, pour les plus prosaïques).
Je ne vais pas faire l'analyse de l'album titre par titre : ce serait trop long à écrire, trop lourd à lire et surtout ça spoilerait le plaisir de l'écoute. Ce que je peux en dire, c'est que Queen se révèle ici en refusant de faire un « petit » premier album, conventionnel comme il faut, pour épater la galerie avant de faire quelque chose de plus osé. Non, non : ici, Queen assume son style très vite, entre Hard et Glam Rock. Je ne peux que conseiller d'écouter la totalité de l'album, mais s'il y avait trois titres à retenir, ce serait de manière générale des titres écrits par Freddie en personne, à savoir My Fairy King, Great King Rat et Liar, dans l'ordre décroissant. Pourquoi My Fairy King, me direz-vous ? Simplement parce que les changements de tonalité, de tempo, la structure inhabituelle, les couches de guitare, le falsetto de Roger Taylor d'une autre dimension, les paroles très heroïc fantasy (inspirées d'un livre, Le Joueur de Flûte de Hamelin), les harmonies vocales qui sont un prélude au second album, tout ça sont les exemples de ce que Queen « Première Génération » va être jusqu'à A Night at the Opera. Great King Rat est dans ce podium pour à peu près les mêmes raisons, et ce alors que la structure du titre n'est même pas comparable à My Fairy King. Liar, enfin, est troisième titre parce que les performances vocales de Freddie Mercury sont affolantes et que la chanson déboule quelquefois dans des tournures étonnantes (comme le changement de tonalité à la quatrième minute environ).
Bien sûr, il existe d'autres excellents titres : Jesus donnerait envie d'écouter du Rock chrétien si tous les titres de ce genre étaient aussi bons, et Keep Yourself Alive, le titre commençant l'album, est aussi un excellent titre tout ce qu'il y a de plus rock. Au final, cet album aura été une révélation pour moi qui n'avais jamais été vraiment au fait de ce que faisait Queen avant Bohemian Rhapsody. Et plus j'écoutais leurs premiers albums, et plus je me rendais compte de ce que j'avais raté ; Dieu merci, j'ai pu réparer mon erreur. Afin de conclure, je peux dire que le premier album est excellent sans être parfait, parce que la perfection sera atteinte avec A Night at the Opera et A Day at the Races, les meilleurs albums de Queen selon moi (mais pas ceux que je préfère, nuance). L'album mérite donc totalement son 8/10.
Créée
le 4 mai 2019
Critique lue 932 fois
1 j'aime
7 commentaires
D'autres avis sur Queen
Cet album occupe une place unique au sein de la discographie de Queen : qui aurait cru, au moment de sa sortie, que quinze ans plus tard le groupe ferait la BO presque pop d'un film déjà ringard ...
Par
le 20 déc. 2011
10 j'aime
1
Qoâ ! Une note tiède pour ce premier album de Queen ? Pourtant il y a des groupes qui peuvent être vieux de quinze ans mais n’avoir jamais atteint le niveau de ce debut-album. Mais voilà, c’est signé...
Par
le 9 sept. 2013
8 j'aime
J'adore cet album de Queen. On sent la puissance des Led Zep' et Deep Purple qui rôde non loin, et le "style Queen" n'est pas encore bien posé. C'est un peu sec, y'a du mimétisme, et à la fois c'est...
Par
le 26 janv. 2013
4 j'aime
Du même critique
Honnêtement, je n'attendais pas grand chose de 2021 niveau jazz. Surtout après que McCoy Tyner en 2020 et Chick Corea en février de cette année aient disparu, ça m'a laissé un trou béant dans mon...
le 28 juil. 2021
8 j'aime
Le problème avec Beat, ce n'est pas nécessairement que ce serait un mauvais album. En fait, si vous l'écoutez en n'ayant aucune connaissance de King Crimson, vous risquez bien de beaucoup apprécier...
le 28 déc. 2020
6 j'aime
Red est l'un de mes albums de rock progressif favoris. Sincèrement, en termes de travail musical tant que technique, je trouve le rendu extrêmement puissant, aux portes d'un prog-metal dont Tool se...
le 7 mai 2020
6 j'aime
2