Après son escapade des loges enfumées de ses ex-camarades de Kyuss, le jeune Josh Homme tâtonne le terrain avec son nouveau bébé musical. La voix encore frêle et hésitante, l'enfant du désert se cherche une nouvelle identité sonore.
Encore un pied dans le passé, l'album peine à s'établir une personnalité propre au sein du paysage stoner. Même si de manière parsemée, la future ligne de conduite des QOTSA commence à prendre forme. Le son est plus froid, les mélodies vocales apparaissent plus légères, harmonieuses, façonnées par l'héritage des Kinks. Il s'en dégage aussi un certain minimalisme caractéristique des futures productions des Queens.
Malgré son aspect timide, ce premier essai ne démérite pas, tant il referme en son sein quelques pépites qui prennent leur sens au fil des écoutes :
La puissante "Mexicola", catapultée par une ligne de basse graissée de distorsion, bousculée par un riff de guitare bulldozer, qui démontre aux détracteurs que Josh en a encore dans le capot. Le tout saupoudré d'un solo intelligemment construit, qui fait de cette track une des plus fortes de l'opus.
Comment ne pas parler de "You can't quit me baby", véritable clef de voûte de la galette qui amorce sa longue boucle transo-hypnotique d'une basse cyclique groovy. Peu à peu le morceau prend de l'étoffe par une superposition de couches mélodiques sur le spectre musicale. Ses envolées vocales sur le Chorus, et l'outro capharnaüm rappel les plus belles heures de la bande à Iggy Pop.
Autres morceau qui émane l'esprit Stooges : "If only" qui renoue avec le felling d'un certain "Down In The street". Son combo guitare/basse/Batterie accroche le plus déconnecté des auditeurs. Certes la track manque un peu de punch dans son mixage, qui aurait pu donner une ampleur au refrain, à contrario ses solos alternés sous de deux styles différents : Divers effets de distorsions et des constructions singulières viennent donner une couleur musicale au morceau tout à fait réjouissante.
Sans oublier "Regular John", véritable hymne à écraser le champignon sur les autoroutes infinies du desert Californien. Une guitare poussant au paroxysme du minimalisme, un jeu sur la grosse caisse faisant battre les pistons du moteur, couplé à un Josh qui chantonne avec légerté, font de cette track un avant-gout un peu maladroit mais plutôt touchant de l'album "Song For The Deaf".
Malhabile, parfois grossière et prévisible, la première livraison des reines du désert sait malgré tout ponctuer le Road Trip de moments percutants qui annoncent la virtuosité des productions à venir. L'album fera surtout office de socle pour établir les codes de cette nouvelle aventure lancée en demi-teinte.
Prêt à affronter les critiques malveillantes Josh Homme sait pertinemment qu'il a plus d'un tricks dans sa poche et clouera le bec de ses détracteurs dès le second opus.