[Rammstein]
7.2
[Rammstein]

Album de Rammstein (2019)

Après dix années d'absence en studio, Rammstein annonce enfin son grand retour, et c'est peu dire que la nouvelle m'a réjouis au plus haut point, malgré une petite crainte de voir ce retour tomber à l'eau.
Fort heureusement, les deux premiers singles sortis ont chassé les doutes et laissé place à une impatience encore plus violente d'écouter le fruit de leur travail.
Ayant retourné l'album dans tous les sens, je pense pouvoir donner un avis objectif (tout du moins mon avis objectif) sur le résultat.


L'album s'ouvre sur le grandiose Deutschland, également premier single, et assorti d'un clip aussi dantesque que le titre. Il annonce la couleur, avec son intro électro accrocheuse et l'arrivée des guitares pour la sublimer. C'est foutrement efficace, entre couplets aux intonations quasi mystiques (exemple tout con, lorsque le "Du... Ich..." arrive, et se synchronise avec les hommes d'église avançant dans les rues sombres et infestées de rats dans le clip, cela ressort parfaitement) et refrain simple, typique du groupe, avec les "Deutschland" scandés, accompagnés d'un riff efficace puis du retour du thème électro, que l'on a immédiatement envie de crier avec le groupe.
Le tout servi par un texte intéressant (et porté par un clip aux multiples interprétation et références, à l'Histoire comme au groupe) sur l'Allemagne (surprenant au vu du titre) et son ambivalence.


On enchaîne ensuite avec le bien plus léger mais non moins efficace Radio, second single (et clip) du CD, ultra bien foutu, et qui nous confirme que Rammstein nous revient en grande forme, et que le coté électro ne sera pas délaissée durant notre écoute. Une excellente chose car c'est une part qui me fait adorer ce groupe au plus haut point. Un titre qui risque de bien envoyer en concert, au refrain entêtant, perso je n'arrivais plus à me le sortir de la tête, assorti une nouvelle fois d'un riff agréables pour les cervicales. Le texte faisant notamment référence au petit instant de liberté procuré par l'écoute de la radio en RDA, est assez surprenant de la part du groupe, apportant un peu de fraîcheur.


Zeig Dich nous emmène quand à lui dans un endroit bien plus familier pour qui connaît le groupe, les travers de la Religion (et plus précisément la pédophilie, déjà vu sur Halleluja notamment). Une intro façon chœur d'église énervé, une construction très classique pour le groupe (intro, couplet, refrain, couplet, refrain "augmenté" etc...) mais là encore d'une efficacité totale. On navigue en terrain connu, mais je ne dis pas ça de manière péjorative, il contient vraiment l'ADN du groupe, il ne le copie pas.


Le morceau suivant, quant à lui, nous sort de notre zone de confort auditif. Ausländer est une espèce de grand délire électro bien barré, du texte (Un étranger donc, voyageant et apprenant la langue afin de pouvoir choper le plus possible) à la musique. Le chanteur y inclue volontairement des erreurs grammaticales et le tout se montre très très bon (bien que la première écoute m'ait repoussé), assurément une réussite, originale, et qui va nous secouer joyeusement en concert. J'espère une mise en scène aussi décalée que le morceau.


Nous enchaînons avec Sex, qui, bien que tout à fait sympathique, est probablement le morceau qui m'a le plus laissé indifférent. Pas besoin de trop expliciter les paroles, le titre annonce la couleur. On sent l'influence des projets solos des membres du groupe, la batterie ressort bien, avec un petit côté Haifisch je trouve. Je ne peux que me réjouir de me dire que c'est le morceau qui m'a le moins parlé, au vu de sa qualité, c'est bon signe pour l'album dans son ensemble.


Puppe débarque ensuite nous coller de gros marrons dans la face, je pense que cette piste est la grosse claque de l'album, que personne ne s'attendait à recevoir, mais que tout le monde prend avec plaisir. Le morceau démarre comme une ballade à l'ambiance sombre et désespérée, et s'envole brutalement une fois venu le refrain monstrueux balancé à nos oreilles non préparées. Till Lindemann nous emmène dans sa folie avec un chant violent, torturé, totalement inédit dans l'historique du groupe, d'une voix éraillée et puissante, accompagnée par un mur de guitare au service de l'ambiance glauque et violente du morceau, suivi de choeurs (Dam Dam !) bien méchants, jusqu'au final ou le titre dessert son étreinte pour nous accompagner doucement vers la sortie, mais là encore, sur des sonorités bien malsaines. Je vous laisse le loisir de découvrir les paroles, se prêtant parfaitement à la chanson.


Nous reprenons notre souffle avec Was Ich Liebe, beaucoup plus classique, un morceaux visiblement parmi les moins appréciés de l'album, mais que j'aime beaucoup personnellement, notamment l'enchaînement "premier refrain - riff bien lourd - reprise du couplet avec arrivée du clavier" très efficace et sur lequel je balance volontiers la tête. Le tout servi une nouvelle fois par un texte joyeux et ouvert à l'interprétation. Efficace, sans révolutionner le style.


S'ensuit Diamant, la seule vraie ballade de l'album, très courte, pouvant frustrer pour le coup, mais qui semble être une volonté du groupe de coller au texte. Pour autant, j'adore l'instru au moment des "Wie ein Diamant", et une fois habitué à sa faible durée, cette chanson s'apprécie, sans pour autant atteindre selon moi le niveau de beaucoup de ballades du groupe.


La piste suivante est probablement mon gros coup de cœur de l'album avec Puppe, Weit Weg. Dès les teasers balancés sur le Youtube du groupe, j'étais happé par l'instru électro, et le morceau en entier la sublime merveilleusement bien. Une piste aérienne, que je trouve parfaite en tous points. Une espèce de cohésion totale entre guitares, basse, batterie, synthé et chant, qui atteint son apogée à l'arrivée tardive du refrain. Déjà une de mes chansons favorite du groupe, toutes périodes confondues, j'ai vraiment l'impression que tout ce qui pouvait être bien fait sur ce morceau l'a été. Quant au texte, Till nous prouve une nouvelle fois qu'il à l'art de raconter des choses dégueulasses avec poésie, presque tendresse.


Avant dernier morceau, Tattoo, forcément, après la claque de la piste précédente, ça m’apparaît comme plus banal, et pourtant, rien ne peux entraver la machine teutone sur cet album, ça passe encore crème.
Une petite intro guitare relativement bourrine, puis un enchaînement batterie-gratte très rammsteinien, martial, efficace. Un peu façon Zeig Dich, on retrouve un morceau vraiment dans l'ADN du groupe, servi par de petites touches de synthé mélodieuses, et un refrain que je me vois bien chanter à tue tête en concert, et de légers chœurs pour l'accompagner. Par ailleurs j'aime beaucoup le changement de rythme de la batterie durant celui-ci.


Enfin, nous arrivons à la conclusion du CD avec Hallomann, et on peut dire que c'est une magnifique manière de clore ce retour (magnifique et glauque, puisque Till nous conte ici l'histoire d'un pédophile/tueur en série). L'ambiance est superbe dans ce style malsain caractéristique du groupe. L'intro à la basse, suivi du "Hallo kleines Mädchen", donnent le ton. Le pré-refrain et le refrain sont superbes, mélancoliques et noirs. Rammstein à vraiment le don pour rendre le malsain beau, enivrant. La musique accompagne les noirs desseins du Hallomann, et le morceau nous envoie deux superbes parties instrumentales, l'une encore douce, l'autre bien plus sale, avant de se conclure dans une douce noirceur et nous signifier la fin de l'album.


La track review parle pour elle, j'ai été conquis à 100% par ce retour, Rammstein apporte son petit lot de nouveautés bien senties tout en conservant son essence, et, à voir sur la durée car le recul, malgré les nombreuses écoutes, est encore faible, il se pourrait très bien qu'ils nous aient pondu un de leur meilleurs albums.
Un retour au delà de mes espérances, qui j'espère sera suivi par un concert aussi mémorable à Paris fin juin (EDIT : CONCERT EN FOSSE A DIX MÈTRES DE LA SCENE, DANTESQUE, LES NOUVEAUX MORCEAUX RENDENT TRES BIEN EN LIVE DANS L'ENSEMBLE).
Lindemann a par ailleurs annoncé que le groupe a suffisamment composé pour pouvoir sortir par la suite un autre album. Si la qualité est équivalente, ne vous en privez pas les amis, je vous attends à bras ouverts.


PS : Un grand merci aux contributeurs de RammsteinWorld pour avoir apporté aussi rapidement des traductions de qualité aux nouvelles chansons.

Gruik
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top des meilleurs albums de Rammstein

Créée

le 20 mai 2019

Critique lue 726 fois

3 j'aime

Gruik

Écrit par

Critique lue 726 fois

3

D'autres avis sur [Rammstein]

[Rammstein]
Gandalf13
8

Barcelone Show le 01/06/19

Alors j'en ai vu des concerts de Rammstein depuis 1998… Et des concerts tout court n'en parlons pas… Mais hier soir c'était encore autre chose. Objectivement c'était juste monstrueux, comme à chaque...

le 2 juin 2019

22 j'aime

31

[Rammstein]
PhilippeAllegre
9

suis un vieux con !

J'assume totalement le fait d'être un vieux con, mais quand vous écoutez le enieme album de judas priest qui ressemble au 20 précédent, quand vous avez été dans les premiers rangs des premiers...

le 17 mai 2019

11 j'aime

[Rammstein]
Alix-HD
10

SHOWS de Bern 05.06.19, un OPERA Rock!

Rammstein un des Shows les plus marquant! Farmer au stade France fût exceptionnel, Iron-maiden ou Metalica, mais Rammstein est bien plus qu'un spectacle! Ainsi ils mettent encore la barre plus haut,...

le 9 juin 2019

10 j'aime

Du même critique

Zeit
Gruik
8

Deuxième baffe

Après le retour inespéré et tout à fait réussi du groupe avec son album sans nom en 2019, Rammstein revient avec son successeur, à peine 3 ans plus tard. Une rapidité bienvenue à comparer aux dix ans...

le 26 oct. 2022

18 j'aime

Teddy
Gruik
7

Hurlemeng (sans spoil)

Très bonne surprise. Film lancé avec un enthousiasme modéré, du fait de bons retours, mais avec la peur de tomber sur un film moyen, reçu de manière excessive sous prétexte d'un cinéma de genre...

le 3 juin 2022

15 j'aime

2

Jurassic World: Fallen Kingdom
Gruik
4

Moui (avec spoilers)

Que penser de ce film? D'un certain côté, malgré tout mon attachement à la saga Jurassic Park, l'arrivée de Jurassic World m'a clairement fait dissocier les Park et World. Ils se suivent mais...

le 5 juin 2018

13 j'aime

5