Dix ans après l'album Liebe Ist Für Alle Da (LIFAD), Rammstein nous revient avec cet album au titre caché. Comment ça, il n'a pas de titre ? Bien sûr qu'il a un titre. Rammstein joue avec nous en nous montrant cette allumette...
Deutschland : Vous avez tous vu le clip, vous connaissez tous le morceau. Une critique de l'Allemagne, blablabla. D'un point de vu musical, c'est très carré et efficace. Un clavier présent, une guitare d'ouverture semblable à une Rammlied (LIFAD) et un jeu pour éviter de prononcer encore une fois un gros "Rammstein" en refrain -on remplace par "Deutschland". Dans les fait, c'est exactement le même effet. Rammstein joue avec nous. Rammstein ist Deutschland. C'est aussi la raison pour laquelle on retrouve beaucoup d'éléments clin d’œil au passé.
Du - Du Hast
Ich - Ich Will
My Herz in Flammen - My Herz Brennt
Etc. vous avez pigé.
Ce n'est donc pas seulement un bon morceau dans l'absolu, c'est aussi un message pour les fans. Un message pour/à propos de l'Allemagne. Rammstein n'a pas été fainéant et ouvrir avec un titre pareil n'augure que du bon. Petit regret : la voix de canard de Richard Kruspe mais bon, on fait avec depuis 25 ans...
Radio : L'un des plus gros reproches à LIFAD est d'être un album trop forcé à vouloir sonner à tout prix "METAAAAL". L'autre reproche qui revient souvent est celui d'avoir effacé son clavier. Radio confirme la volonté de revenir à ce qui a fait de Rammstein son succès initial : des riffs simples, entraînant et du bon synthé' apportant cette touche unique/bizarre. Radio en est le parfait exemple et est une excellente réussite. Déconcertant, c'est le mot qui vient. Mais il y a ce "on ne sait quoi" (le clavier donc) qui nous fera revenir et apprendre à l'apprécier.
Zeig Dich : Si, lorsque résonne les chœurs à l'ouverture du morceau, on peut craindre une facilité pour la suite, il n'en est rien. Rammstein ne tombe pas dans le panneau et livre ici un morceau travaillé et poli avec attention. La basse omniprésente propulse le morceau bien haut et, mein gott, ce refrain !
Ausländer : Décrire le ressenti de ce morceau est très délicat tant il est absolument unique. Vous n'avez jamais entendu pareil son dans la discographie du groupe... C'est clairement LE morceau qui fera le plus l'objet de la critique et c'est aussi le plus gros coup de génie de l'album.
Très "eurovision" style, ce morceau est fait pour jouer et perdre ses fans. On se sent en territoire inconnu, comme des Étrangers (Ausländers) et... c'est très bon, en réalité.
La réaction primaire sera de se dire tout simplement "what the fuck" ? Mais les riffs ultra efficaces et les paroles totalement déstructurée (il y a des fautes partout, y compris en Allemand) ajoutent à la confusion. Hors concours avec le reste, ce morceau fera date. Il fera danser et tout le monde va se trouver très con en live, le groupe, les fans... ça sera génial.
Come on, baby c'est-c'est-c'est LA VIE !
SEX : Beaucoup plus classique dans sa construction que les morceaux écoutés jusqu'à présent, Sex est un titre très efficace qui aurait lui aussi pu sombrer dans du metal à deux balles. Avec une batterie proche du morceau Haifisch (LIFAD) et des guitares très pop, la voix de Till n'a pas besoin de plus pour donner ce ton unique. Légère, prenante, c'est un bon morceau passe-partout.
Puppe : Wiener Blut (LIFAD) était mis en scène avec des poupées qui explosaient. Ce morceau, Puppe (Poupée) ressemble à un Wiener Blut 2.0 abouti. La beauté noire est partout et, surtout, vous n'aurez jamais entendu un chant pareille. Incroyable, unique, un des meilleurs morceaux de toute la discographie du groupe. Je n'ai pas d'autres mots à vous dire si ce n'est que la production et le mixage parfait couplé à une "déstructure" pareille donnent un résultat d'une audace absolue. DAM-DAM.
Was ich Liebe : Les premières secondes font penser à Closer de Nine Inch Nails. Voilà, j'avais que ça à dire. Le maillon faible de l'album, il n'y a pas grand-chose à en dire. C'est sympa mais oubliable. Pour vous donner une idée, on se retrouve avec un bon morceau du niveau de Donaukinder (LIFAD, encore lui).
Diamant : Si ce morceau ne dure que deux minutes trente, il a pourtant des atouts à défendre. La balade du disque s'accompagne de guitare très douces lors du couplet pour aller vers un ajout majestueux du klavier au fur et à mesure. L'ambiance est à la fois douce et belle.
L'album bascule le temps de ce morceau et du prochain dans un style très Lindemann (le groupe du chanteur Till Lindemann) et rappel fortement "That's my Heart" de ce dernier.
Weit Weg : Une fois encore, le klavier omniprésent et une batterie très simple démontrent une orientation beaucoup plus "pop" qui ne veut pas se forcer à faussement sonner metal. Sans être transcendant, le titre est sympathique.
Tattoo : Ça bouge beaucoup plus et c'est clairement fait pour les lives. A des années lumières de la puissance et brutalité d'un Sehnsucht, par exemple, nous avons ici une batterie toute droit sortie de Fish On (morceau de Lindemann) et un refrain qui fait beaucoup penser à un vieux morceau du groupe : Hallelujah.
Hallomann : Les paroles aussi glauques et le refrain aussi beau sont d'un contraste gigantesque. L'ouverture à la basse et klavier pour introduire une voix qui veut inviter une petite fille à acheter un moule/frite et monter le rejoindre car ils sont seuls, tous les deux. Elle monte, la moule/frite sera présente. Extase, plus rien ne sera jamais comme avant.
Bref, je m'égare. L'un des meilleurs morceaux du groupe, lui aussi.
Conclure avec une piste pareil rompt aussi avec l'idée qu'on se fait d'un dernier morceau d'un album de Rammstein.
Les meilleures : Puppe, Halloman, Ausländer, Deutschland, Radio
SPIEL.
Voilà. Vous vous demandiez quel était le titre "caché" de cet album ? Vous l'avez.
En Allemand, SPIEL signifie autant "Allumette" que "Jouer".
Alors, Rammstein joue-t-il avec nous dans ce nouvel album ? Définitivement.
Mieux structuré qu'aucun autre album du groupe (même si la seconde partie est inférieure), nous sommes ici en présence d'une galette qui a de fortes chances d'être mal-aimée voir incomprise mais qui est d'une maturité et d'une profondeur inédite. Oui, cela valait les 10 ans d'attentes.
Richard Kruspe a dit lors d'une interview à l'époque de LIFAD : "qui vient voir Rammstein en live pour les morceaux !?". Hé bien cette orientation est rompue. Rammstein a fait assez peu de morceaux taillés pour les lives, privilégiant cette fois l'écoute d'un album qui est avant tout un album STUDIO.