Tout d'abord sans Daft Punk je ne suis rien, c'est eux qui m'ont ouvert à la musique électronique et je leur en serai toujours reconnaissant. J'ai toujours adoré leur musique, même Human After All, bien que vivement critiqué à sa sortie.
Ca fait néanmoins longtemps que je n'attends plus rien de Daft Punk, La BO de Tron ne m'a pas indignée malgré sa profonde nullité et les déceptions qu'elle a apporté. Mais il subsistait un espoir un peu fou pour Random Acess Memory. Un espoir qui dure depuis longtemps, 8 ans pour certains. Le premier single Get Lucky était déjà un sombre présage. Un peu miteux sur fond de funk late 70s, des voix robotiques diarrhéiques et un Pharell qui prouve définitivement qu'il n'a pas la carrure d'un vrai chanteur, il est en manque d'inspiration et la platitude de sa voix empêche le morceau de décoller.
Le "tube" est accompagné de sa machine commerciale, le produit est visible partout, les têtes de robots bien mises en valeur. Si je devais mettre une note pour la campagne marketing, c'est presque un 10.
Le grand slogan : Le renouveau de la musique électronique.
Difficile à atteindre avec une musique ni innovante, ni intéressante.
Le premier morceau déjà annonce que non, ce n'est pas un renouveau. C'est du funk classique, rien de plus. Mais le groove est solide, la basse claque bien, si pour le renouveau c'est raté, on peut au moins croire à un album qui fera bouger, des rythmes entraînants. Les voix robotiques sont là, mais pour l'instant elle sont bien intégrées.
Dès le deuxième morceau ça se gâte. Groove sentimental, mélancolique, on se replonge dans l'ambiance Discovery, les lyrics sont particulièrement niais, c'est le style de Daft Punk. Le point culminant arrive vers la la fin de la troisième minute, avec un des solos les plus nuls de toute l'histoire de Daft Punk. Toujours pas de progression et progressivement on découvre les tares récurrentes de cet album.
Rien n'est nouveau, tout a le gout de réchauffé, là où on attendait un retour aux sources, aux premières inspirations sous un nouvel angle, on retrouve des versions aseptisées et les voix robotiques de plus en plus déplacées sont seulement là pour attester que : oui c'est bien Daft Punk, c'est bien nous, il y a notre copyrighted trademark sur ces chansons. Ca vous suffit pas ?
Malheureusement non. Le summum est atteint sur Touch, le morceau qui cumule tout les défauts de l'album, le moins inspiré, le plus poussif, le plus pat, le moins entrainant c'est du Daft Punk version Le Plus Grand Cabaret du Monde.
Les collaborations sont pour la plupart inutiles, le génie de Todd Edwards est absent de Fragments of Time. Julian Casablancas réussit à apporter un peu de sentiment sur le refrain de Instant Crush avant de retomber dans la médiocrité. Heureusement que Panda Bear est là pour apporter un peu de contraste à cette album d'une rare platitude. Le morceau Doin' It Right est aussi bêtement linéaire et robotiquement pathétique que le reste, mais la production se démarque enfin et la voix de Noah Lennox est la seule chose que je garderai de l'album.
Tout a disparu dans cet album, le côté dansant et pop revendiquée de Discovery, Les rythmes entêtants de Human After All, impossible de retrouver les accents d'un génial Homework.
Finalement on peut faire un parallèle entre Random Memory Access et le dernier album de The Knife. Deux duos cultes s'attaquent à des genres qui ne sont pas les leurs, l'ambiant pour The Knife sur Shaking The Habitual et le funk progressif pour Daft Punk. Les cohortes de fanboys se jetteront tête baissée dans l'abîme avec leurs idoles. Mais un peu de recul suffit pour voir que de façon frappante, le duo français n'arrive jamais à dépasser la parodie et l'innovation reste une bonne fois pour toute au placard.