Hommage Mélancholique à la Pop par deux Crooners Robotisés
J'aime les Daft pour les mêmes raisons que tout le monde.
Comme les esthètes pointus et péteux j'aime Homework parce que cet album a marqué un tournant dans les musiques électroniques en mélangeant le groove de la House aux sons mécaniques de la Techno.
Comme le grand public qui se laisse gaver de musique markétée, j'ai adoré Discovery et son univers Pop coloré et funky.
Human After All et Alive ont fini d'enfoncer les clous dans les cerveaux des auditeurs soit pour réconforter les rabat-joies élitistes dans leur conviction que Daft Punk doit se résumer à Homework soit pour inscrire le duo au panthéon de la musique pour toutes les générations post-minitel.
Une semaine avant la sortie de l'album Random Access Memories, tout le monde l'a déjà écouté et tout le monde s'est fait son avis.
Bien sûr je ne suis pas passé entre les mailles du filet marketing qui accompagne cette sortie et comme beaucoup je suis pris d'une envie irrépressible de donner mon sentiment.
Random Access Memories est un grand album. Le plus abouti des Daft Punk.
Hommage grandiose à la musique, cet album est peut être moins novateur que Homework qui à mon sens a acquis son titre de classique parce qu'il a été conçu par deux cerveaux qui avaient perçu le futur avant tous les autres mais Random Access Memories est beaucoup plus dense que tous les autres car il explore tout le champ d'expression qu'offre la musique.
Ici les sons et les voix électroniques côtoient les rondeurs chaudes des instruments organiques et les ronronnements mielleux de chanteurs triés sur le volet pour faire battre les coeurs sur des balades sensuelles et romantiques aux accents 70's, faire communier les corps aux rythmes du disco, et faire tourner les têtes sur des ritournelles atmosphériques.
Oui ça fait beaucoup de jolis mots, un peu pompeux et gnangnans mais la musique pop, celle qui vous trotte dans la tête en permanence, celle qui vibre à la perfection est comme ça.
Et enfin comment ne pas conclure en parlant du morceau Giorgio by Moroder qui doit être l'un des meilleurs titres que j'ai entendu de ma vie. Ca commence par une discussion dans un bar où on joue un petit son jazz-funk puis Giorgio finit son témoignage et la chanson se lance dans un son disco à la Moroder où les boucles de synthé s'emmêlent. Arrivé à la moitié du morceau le piano Korg revient et part dans un pont hyper jazzy au groove syncopé à la fin duquel Giorgio finit son entretien pour revenir à la mécanique parfaite du son Moroder. Ensuite le titre devient uniquement orchestral comme une bo de film avec un nouveau pont où seuls les violons se font entendre. On repart sur le theme disco originel puis on termine sur un délire free-jazz avec la batterie, des sons électros compressés (en souvenir d'Homework) qui font penser au fameux Rockit de Herbie Hancock. La fin du morceau est un déluge où tous les instruments viennent copuler rejoint par une guitare électrique de groupe de Hard Rock 80's.
Bref les Daft Punk aiment la musique et ce titre est la plus belle preuve d'amour jamais faite.