Album de transition pour le groupe. Assumant un mélange live, studio et reprise ainsi que d'anciennes compositions, on se détend, on s'amuse, on renoue avec le style qui a fais succès.
Comme énoncé dans la critique précédente, la gloire internationale n'a pas criée gare. Et au delà du break nécessaire après l'épreuve du qu'a été l'écriture de The Joshua Tree, le groupe se questionne peut être sur le pourquoi du succès. Et surtout pourquoi cela ne marchait pas avant ? La réponse, somme toute évidente après l'analyse du précédent album, n'a pas sautée aux yeux des irlandais qui décidèrent donc de se rapprocher de leurs racines musicales. C'est donc un bon vers le début des années 80', avec bien entendu l'expérience acquise, que propose Rattle and Hum.
Les racines passe par des inspirations d'autres auteurs, et c'est The Beatles qui seront à l'honneur avec une reprise live de "Helter Skelter". Le groupe de rock anglais avait écrit cette chanson pour répondre aux critiques qui résumaient leurs titres à des slows. La reprise, sans réelle variante avec l'originale mis appart le double chant et un adoucissement des graves, ouvre l'album avec un punch rappelant un certain Boy.
Composition cette fois ci avec "Van Diemen's Land". Courte comptine proposé par The Edge qui sera le chanteur ici, difficile donc d'en faire une étude précise. Elle est inspirée par l'histoire d'un certain John Boyle O'Reilly et expose l'ambiance d'une fin de XIXème siècle sur les terres de ce que l'on connait aujourd'hui comme étant la Tasmanie.
A la toure fin de "Van Diemen's Land", on a droit à un court extrait d'une interview sur le lieu d'enregistrement. Le journaliste demandant entre autre quels sont les projets futur après The Joshua Tree. L'interview quasi-complète est récupérable sur internet. Elle révèle en réalité un journaliste tentant de cerner les ambitions et projets du groupe, pendant que quatre gamins irlandais, sans réponses, préfères rire de la situation, des questions ou de leurs camarades tentant d'y répondre. Qu'ils refusent de coopérer, volontairement ou non, l'album apporte lui une réponse avec "Desire".
A chaque écoute de Rattle and Hum, voilà que "The End" s'immisce dans ma tête. Et comme si un bon en arrière d'une presque décennie ne suffisait pas, c'est bien vers les sixties que nous nous dirigeons. Vers une époque où la musique était << moins scientifique et plus interactive >> selon The Edge. Quand on y pense, c'est une critique qui ne date pas des années 2000. "Desire" parle de la capacité qu'a la religion de rassembler des disciples en nombre afin de pouvoir vivre des paroles d'évangiles. Bono fera volontairement le parallèle avec les rock stars, dont lui même. De ce fait, on peut aisément traduire et confirmer la gêne occasionnée par le succès explosif du groupe. Au delà de la sagesse qu'on peut lui conférer, je ne peux m'empêcher de penser à Jim Morrison concernant cet album, et par extension sur les performances live. Jeu dans la voix et mimiques rendent encore une fois hommage aux racines de U2.
Justement, en parlant de jeu dans la voix. La tessiture vocale de Bono, qui ne sera plus d'actualité aujourd'hui, est parfaitement représentée dans "Hawkmoon 269". C'est Bob Dylan en personne qui se chargera de l'orgue sur ce morceau, qui ne se contentera pas d'une unique collaboration sur l'album d'ailleurs. Eternelle oubliée de la discographie du groupe, le titre sait marquer part la voix et aussi part une certaine brutalité dans les percussions. Il y a également ce nombre, 269, qui n'est autre que le nombre de mixage nécessaire afin d'accoucher de la chanson. Globalement les paroles traduisent une gueule de bois comme on les aiment.
Un autre live avec "All Along The Watchtower", chanson proposée par Dylan, réinventé par Jimi Hendrix et enfin reprise par U2. Bono continuera de faire son Morrison sur scène, tout en ajoutant du texte à la chanson comme : << All I got is red guitar, 3 chords and the truth. >> On peut peut être y voir un clin d'oeil à Hendrix qui disposait effectivement d'une guitare rouge, bien que la chanson ne soit pas de lui.
Billie Holliday est un symbole de la cause afro-américaine ainsi que de la situation chaotique des quartiers défavorisés dans la région de New-York. Hommage à elle avec "Angel of Harlem" qui traduit entre autre son parcours, sa symbolique, faisant l'éloge des mouvements socio-politiques qu'elle suscitera. Probablement la chanson le plus joyeusement en joie de vivre du groupe. La guitare et rythme gospel réchauffe les coeurs refroidis par l'hiver de Manhattan.
On qualifie "With or Without You" comme LA chanson romantique alors que comme on a pu le voir, l'intention romantique n'était pas là. C'est en effet tout le rôle de "All I Want Is You". Volontairement dédicacée à sa femme, la chanson parle d'engagement, du complément de deux êtres amoureux et de voeux de mariage. D'après le groupe, Bono chante des mots adressés à sa femme, Ali Hewson, qui sera matérialisée par la guitare, offrant une réponse timidement émue. A chaque couplet, le bonheur s'intensifie, jusqu'à l'explosion finale, accompagnée des promesses du chanteur qui scandera le titre de la chanson en boucle.
"All I Want Is You" servira, entre autre à préparer des morceaux tel que "Where The Streets Have No Name" ou dans le futur, "City of Blinding Lights".
Avec 17 morceaux et plus d'une heure et dix minutes de musiques, Rattle and Hum est un mashup,
un terrain d'essai, une pause. Sans aucun doute un Best Of avant l'heure. Entre éloges aux anciens et expressions de désires enfouis, U2 réussi là où il s'était trop précipité avec October.
A Jim Morrison, John Lennon, Iggy Pop, David Bowie, Bob Dylan et Patti Smith, sans qui U2 ne serait rien.