La carrière de Mogwai est une (très) longue suite de hauts et de bas mais elle a aussi l’avantage d’être une parfaite représentation de ce genre sclérosé qu’est devenu le post-rock.
Après un premier opus aux allures d’œuvre de référence, les Écossais préféreront se détourner de leurs envies bruyantes et brutales pour embrasser une musique plus intimiste et sage. Une formule qui ne fonctionnera qu’un temps, puisqu’elle sombrera dans l’ennui comme presque tous les groupes qu’ils ont inspiré avec Godspeed You! Black Emperor. S’ensuivra une légère ouverture pop avec Mr. Beast, un retour aux sources bien ficelé sur The Hawk Is Howling jusqu’à cette fausse vraie compilation qu’était Hardcore Will Never Die, But You Will. Leur discographie est un vrai feuilleton.
La troupe se cherche beaucoup, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Mais il serait peut-être temps qu’elle finisse par se trouver, car cela fait plus de 15 ans qu’on attend toujours un second souffle de leur part. Sur album, j’entends. Il est évident que Mogwai est irréprochable en concert. Il reste cette imperturbable machine scénique qui parvient à transcender ses compositions les plus faibles avec un son parfait et une atmosphère qu’ils sont les seuls à maitriser.
Sauf que Rave Tapes est sorti l’année dernière et cet opus semble être celui du changement, du grand revirement. Le disque qui devrait provoquer la surprise chez tout le monde et c’est… Faux. Ou du moins pas tout à fait mais presque.
Annoncé comme leur album électro, le quintette se contente de réutiliser d’une manière mimétique les sonorités de Tortoise sur « Simon Ferocious ». Autant écouter les meilleurs disques de l’original, cela sera toujours plus plaisant et intéressant que s’envoyer un ersatz dans les cages à miel. Ah, il y a également plus de claviers que d’habitude et une boite à rythmes chétive vient plus souvent prendre la place de la batterie. Mais faut-il y voir du renouvellement pour si peu ? Surtout si ces ajouts ne changent rien à la qualité de la musique.
On aura beau s’attarder sur des détails pour prouver que Mogwai avance, le véritable problème n’est en vérité pas là. Rave Tapes est un disque magnifiquement ennuyeux.
Magnifiquement, parce qu’il faut reconnaître que c’est souvent beau et planant. Mais il ne faut pas confondre une atmosphère prenante avec une musique planounette vaguement atmosphérique. La musique d’ascenseur est bien trop fréquente dans le post-rock et ce n’est pas parce que les natifs de Glasgow sont au-dessus de la moyenne qu’il faut cautionner tout ce qu’ils font.
Sans oublier qu’ils nous ressortent des idées du placard pour un résultat lénifiant (les vocaux parlés sur « Repelish » ou le vocoder du morceau final). Il faut gratter pour avoir quelques miettes de contentement puisque c’est dans certains arrangements qu’on peut y trouver des qualités. Comme le clavier stellaire de « No Medicine For Regret » ou ces guitares noisy mais aériennes (fortement inspirées du shoegaze) sur « Hexon Bogon » qui font toujours leur effet… Même si c’est un gimmick que le groupe utilise depuis des lustres. Hélas, une belle production n’a jamais fait un bon album.
Toutefois, il reste un aspect qu’ils sont incapables de rater : leur entame d’album. « Heard About You Last Night » est superbe. Pas forcément aussi flamboyante qu’un « I'm Jim Morrison I'm Dead » ou « Hunted By A Freak », mais ce titre flotte tellement au-dessus du niveau général de l’album qu’il en devient le plus remarquable.
Voilà qui est révélateur du caractère anecdotique de cette sortie réussissant l’exploit d’être aussi molle que Happy Songs for Happy People… Tout en étant encore moins bonne !
Si ces gonzes continuent de cachetonner dans une musique d’ambiance sans consistance, leur nouvelle carrière dans les BO de films et de série sera en bonne voie.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.