La dure réalité, c'est que "Reality" est le SEUL album de David Bowie que je n'ai pas acheté, ni même écouté lors de sa sortie. En 2003, rien de tout ça ne me semblait pertinent : à l'époque j'écoutais les White Stripes ou Adam Green, loin, bien loin du rock à l'anglaise classique de "Reality". La disparition de Bowie m'a évidemment donné envie de me plonger dans cet album en général peu aimé : quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un disque vraiment... plaisant, illuminé par de vraies bonnes chansons : "New Killer Star" qui aurait même pu être un nouveau "classique" du répertoire de Bowie, si nous nous y étions un peu intéressés, la belle ballade "Days", les excitants "Reality" et "Never Get Old" qui nous offrent un Bowie rock et "remonté" comme rarement (comme jamais ?)... Mieux, grâce à une production exemplaire de Visconti, et à un groupe qui offre une belle cohérence musicale au projet dans son ensemble, même les morceaux un peu plus faibles (mais il y en a peu, hormis la conclusion de l'album, un "Bring Me the Disco King" un peu trop mainstream avec son swing radio friendly) restent intéressants. Quelle surprise ! Quels regrets a posteriori d'être passé à côté d'un tel album, certes un peu anecdotique, ou en tous cas pas vraiment novateur, mais qui prouvait quand même que la crise de créativité était désormais bien loin derrière ! A posteriori, on peut estimer que "Reality" joue un peu vis à vis du doublé "Outside" et "Earthling" le même rôle que "Ashes To Ashes" par rapport à la Trilogie Européenne : celui d'un album pop, accessible et intelligent, recyclant dans le mainstream les idées plus audacieuses de ses prédécesseurs. On sait malheureusement que la santé de Bowie commença à décliner lors de la tournée qui suivit, et que nous affronterions de longues années de silence, avant un ultime chant du cygne : la dure réalité de la vie viendrait donc mettre fin à ce rêve-là, aussi. [Critique écrite en 2016]