Et sinon il devient quoi Mirwaïs ?
Je n’ai jamais été un grand fan de la Madone, je le concède, et je n’ai que rarement pu apprécier ses albums dans leur globalité. Je n’en retiens en fait que deux (et demi) : Ray Of Light en 1998, American Life cinq ans plus tard et quelques titres de Music entre les deux qui ont largement sévit dans mes écouteurs et sur ma chaîne hi-fi à l’époque. Mais je ne peux que reconnaître que, jusqu’à cette époque, Madonna savait toujours garder un coup d’avance. A défaut d’être une grande interprète, elle avait le flair pour sentir les tendances et s’entourer de ceux qui sauraient l’aider à la créer.
Confessions On A Dancefloor a marqué un premier changement il y a dix ans. Moins inspirée, mais encore très efficace, sa musique commençait à stagner. Le vrai tournant pour moi, c’est toutefois Hard Candy. Là où auparavant elle aurait déniché des producteurs « neufs », elle cède à la facilité en embauchant Timbaland et les Neptunes, qui certes faisaient, et font toujours, partis des meilleurs, mais dont on entendait les productions en boucle partout depuis des années entre Justin Timberlake, Nelly Furtado, Kelis, Britney Spears et consorts, sans compter leurs auto-productions. En terme de ventes, Madonna possède une telle base de fans que ça passait et passera sûrement toujours, mais artistiquement c’était du vu et revu. D’ailleurs, Timbaland peine depuis à retrouver les sommets des charts, faute d’avoir su se renouveler. Quand à Louise Ciccone, le MDNA paru en 2012 ne fit que confirmer qu’elle ne faisait désormais plus que tenter de rester accroché au wagon qu’elle a longtemps conduit.
Aujourd’hui, enfin dans un mois en fait (oups !), sort Rebel Heart. L’occasion de remettre les pendules à l’heure ?
Fidèle à ses nouvelles habitudes, Madonna convoque le gotha experts en boites à rythme et Pro Tools du moment. La part belle est cette fois offerte à Diplo, co-créateur de Major Lazer, aussi entre autre découvreur de M.I.A. ou plus récemment aux manettes pour Iggy Azalea.
Malheureusement, à de rares exceptions près, très peu de personnalité ressort des 25 morceaux que constituent l’édition Deluxe. Madonna parait définitivement être devenue une chanteuse de pop comme les autres. Je n’y retrouve ni reine des dancefloors ou de la pop, ni son célèbre et fougueux côté provocateur et rebelle. Un comble vu le titre de l’album.
La plupart des pistes, et probablement d’ailleurs en majorité celles destinées à devenir des singles, ne sont que des resucées de ce qu’on a déjà entendu 1000 fois. Pire même, lorsqu’elle convoque Nicki Minaj pour un duo, cette dernière prend le pas sur son aînée avec une production calibrée avant tout pour plaire à son public.
Les autres invités présents sont Nas et Chance The Rapper. Mais sont-ils vraiment à leur place sur un album de pop aussi édulcoré ? Le second ferait bien de faire attention d’ailleurs. Il est peut-être le rappeur le plus talentueux et créatif de sa génération, mais après s’est déjà fourvoyé l’an passé aux côtés de Justin Bieber, je commence à sérieusement craindre pour son album plus tard dans l’année.
En restant objectif, ce n’est pas si dégueulasse que ça, du moins en le considérant en tant qu’album formaté pour le succès et les passages en boucle dans les médias. Et il y a bien par ci par là quelques petites fulgurances parmi les titres les plus posés de l’album. J’aime bien HeartBreakCity par exemple, mais c’est tellement peu et loin de la qualité et la finesse d’un Frozen, Don’t Tell Me ou Nothing Fails !
A la réflexion, les quelques titres qui m’ont positivement interpellé y sont parvenus juste parce qu’ils me rappelaient ce qu’elle faisait au début des années 2000.
Avec les bons choix de singles, je pense en fait que ça pourrait mieux fonctionner que le très fade MDNA. Et en même temps je me dis que plutôt qu’écouter l’album un mois avant sa sortie (j’imagine qu’elle sera avancée comme celle de Björk il y a quelques jours), j’aurais peut-être préféré que Rebel Heart ne sorte jamais et que Madonna sache s’arrêter tant qu’il est encore temps.