Si seulement RRS avait été un double album!

1973 est la plus belle année musicale de Paul Mcartney. D'abord avec "Red rose Speedway" et ensuite "Band on the run" en fin d'année. Entre deux, la bande originale, "live and let die", particulièrement réussie, avec Georges Martin aux commandes.
RRS c'est l'album qui, primo, aurait dû un double. Bien des chansons géniales passent à la trappe : "night out", rock endiablé, si il avait été le morceau d'introduction aurait dynamité l'album, "the mess", (un rock solide souvent joué en live, très charmant avec ces changements de tempo), "mamas's little girl", la meilleure balade (un solo de clarinette de toute beauté) depuis "every night", l'immanquable "1882" ( comment est-ce possible d'évincer un chanson aussi bonne, un blues intemporel, bref du grand gâchis (sur Youtube, le live de Berlin est un grand moment de rock!!!), enfin " i would only smile", la plus belle chanson de Denny Laine avec Wings, écartée on ne sait pourquoi de l'album original au détriment d'autres chansons qui laissent fortement à désirer.
Heureusement que cette injustice fut réparée, mais il a fallu quand même attendre 45 ans pour voir le double album enfin édité...
Sur l'album original, donc, Macca nous sert en apéro "big barn bed", assez médiocre, il faut le dire, puis Paul nous livre "my love" pour Linda, trop sirupeux à mon gout malgré l'excellent solo de guitare du regretté Henry McCulloush ( on est très loin du niveau d'une chanson d'amour comme "something"),
"Only one more kiss" est plutôt sympa avec ses airs bluesy, la guitare rappelle celle de Georges Harrison. "Get on the right thing" est un excellent morceau avec une intro géniale, mais cet opus fut enregistré pendant la session Ram, tout comme "little lamb dragonfly". Cette chanson baba-cool est vraiment émouvante, l'interprétation est très juste, la production parfaite et les harmonies incroyables. La voix de Paul est sur ce morceau absolument magnifique. Bref, c'est la chanson parfaite, une perle qui n'a rien à envier à la grande majorité des morceaux des Beatles, un des rares chefs d'oeuvre de la carrière post beatles avec "tug of war" à tenir la dragée haute à "lady madonna" ou "penny lane".
Le reste de l'album, à l'exception de "single pigeon" (encore une chanson sur les oiseaux), est plutôt moyen. "Loup" est plutôt désopilant (on aurait préféré l'instrument "jazz street", éminemment plus rythmé (Michel Berger ne se gênera pas pour le pomper pour son tube "la groupie du pianiste"!) "When the night" est ennuyeux et répétitif, et le medley, à l'exception des harmonies plus ou moins réussies pèchent par le côté bâclé, naïf et désuet. C'est comme si Paul Mcartney n'avait pas envie de fignoler, de polir ses chansons, comme s'il avait envie de donner à son album un côté commercial dont l'intérêt est de plaire aux plus grandes masses, mais il a semblé négliger ses fans, les mélomanes, ses admirateurs exigeants. Pire, il néglige ses productions rock et bluesy qui révèlent nettement mieux son talent de chanteur et de compositeur en faveur de gentilles bluettes commerciales dont la valeur artistique est quasi nulle.
Cela dit, cet album, malgré tous ses défauts, possède un charme et une beauté qu'on doit lui laisser, il possède une fraîcheur juvénile, une simplicité et une certaine nonchalance assumée. Avec le temps, il fait du bien. RRS ne fait pas le coq vis-à-vis des albums hyper sophistiqués que sont les Pink Floyd, les David Bowie et autres Genesis et ceci est un compliment.