Midnight Oil retourne enfin à une musique plus ambitieuse et expérimentale, avec un Redneck Wonderland qui à défaut d’atteindre le niveau des années 80 parvient à susciter de nouveau l’excitation. Le groupe cherche à s’inscrire dans son époque en proposant des influences hard rock et rock industriel surprenantes au premier abord mais témoignant d’une véritable envie de se renouveler, alors que Breathe laissait craindre un assagissement un peu pantouflard. Au lieu de ça, les guitares électrisent l’atmosphère dès l’introduction tandis que Peter Garrett s’époumone de nouveau, sans chercher à retrouver le lyrisme des hymnes de l’âge d’or du groupe mais en rappelant tout de même la brutalité des premiers temps, se gardant tout de même de retrouver la qualité des compositions d’alors ou le charme du côté live des trois premiers albums. Des chansons comme « Cemetery In My Mind », « Comfortable Place On The Couch » ou « Seeing Is Believing » sont d’autant plus réjouissantes que les temps morts et les baisses de régime sont rares au sein de l’œuvre. Si « Blot » ou « Return To Sender » témoignent peut-être d’une légère baisse de niveau formant un ventre mou en milieu d’album, « The Great Gibber Plain » y met un terme en renouant avec une certaine sophistication, tandis que Redneck Wonderland réserve deux belles surprises en faisant surgir le psychédélisme dans les excellentes « Safety Chain Blues » et « Drop In The Ocean », l’achevant sous l’égide des Beatles période Magical Mystery Tour. C’est un plaisir de retrouver Midnight Oil en pleine forme, avec de nouveau l’envie d’en découdre, une agressivité regagnée et la volonté de défricher des territoires inexplorés.