[...] Groupe qui surprend à tous les niveaux, notamment par sa nationalité. Car vraiment, Abrahma ne nous ressert pas cette tambouille stoner/rock'n roll rutilante que la scène hexagonale se complaît à nous ressasser depuis quelques années. A dire vrai, Reflections... serait sorti tout droit d'un garage de Seattle que ça n'aurait étonné personne. Enfin, d'un fond de tiroir oublié d'une cave, la prod' étant loin d'égaler celle des maîtres en la matière. Petit détail que je relève car il s'agit du seul regret que l'on pourrait trouver à cet album. Et franchement, si je le sors, c'est vraiment de la critique de pinaillage car même si elle aurait pu être meilleure, elle reste malgré tout très honnête et ne gâche en rien la qualité des compositions.


Si on rattache la bande parisienne au stoner pour ses guitares grasses et tout le côté hypnotique et perché quasi-lunaire qui peut bien en émaner, il faut quand même admettre que leurs membres n'ont pas été bercé qu'aux Kyuss et compagnie tant leur musique suinte le grunge. Celui de Soundgarden en tête. Avec une sévère dose d'Alice In Chains dont l'album éponyme a dû se retrouver bien rayé à force d'être passé dans leurs chambrées d'adolescents ou autre lieu de répétition de groupe juvénile. Car si le stoner déployé en France est gras, il est surtout immédiat et fun, so rock'n roll. Pour ce qui est de celui d'Abrahma, on ne peut pas dire qu'il respire le bonheur : tout n'est que mélancolie et lourdeur pachydermique. Ajoutons à cela l'aspect psychédélique, faisant parfois rappeler des cas plus metalliques comme Electric Wizard, et on se dit qu'on est bon pour le bad trip. Ce qui n'est pourtant pas le cas. A l'instar d'un Noir Désir sous stéroïdes et pépites de LSD qui aurait oublier ses discours engagés au profit d'une mise en transe en altitude, la noirceur nous ronge les entrailles sans jamais nous engloutir. On se laisse plutôt emporter vers une sorte de nihilisme planant.


Majestueux, Reflections... sait montrer également beaucoup de finesse dans ses arrangements et ses ouvertures. Ainsi peut-on retrouver beaucoup d'atmosphères intéressantes distillées de ci et de là, allant même parfois jusqu'à des choses plus jazzy et expérimentales. Ce qui achève un tableau quasi sans-faute : Abrahma est doté d'un savoir-faire certain, a des choses à dire dans son style teinté d'influences aussi évidentes que bien digérées et nul doute qu'il en aura encore bien d'autres à transmettre dans le futur.


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Margoth
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le 17 févr. 2016

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Margoth

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