Here come the night time...
Ce que j'ai toujours aimé chez Arcade Fire, c'est leur évolution cohérente et intelligente. Que ce soit au sein d'un album ou dans leur jeune discographie. Et si Reflektor prouve quelque chose, c'est bien cela !
Sous son aspect doux-amer aux références et revendications claires, c'est un album que je trouve plus sombre qu'il n'y paraît. Fini l'adolescence mélancolique des banlieues, cet opus se rapproche sûrement plus de Neon Bible. Je tiens aussi à dire que c'est un marketing très intelligent et de bon goût qui a jusqu'à présent servi cet album (Roman Coppola), qui est co-produit par ni plus ni moins que James Murphy, avec comme cerise sur le gâteau, la participation de Mr David Bowie. Oui, on déconne pas.
Reflektor avec ses chorus lancinants commence vraiment bien l'album (et quel clip!).S'enchaîne alors We exist et sa basse dansante qui nous rappelle un peu feu Michael Jackson, et à la fin, la chanson fait écho aux souvenirs que j'ai de Neon Bible ce qui ne fut pas pour me déplaire !
Flashbulb Eyes est la chanson inutile de l'album, mais heureusement l'exotisme de Here comes the night time relève ce faux pas.
Normal person et sa fièvre rock est pour moi l'un des meilleurs morceaux de l'album, il rappelle le collectif de musiciens endiablés que sont les Arcade Fire, ce que You already know poursuit bien.
Joan of Arc est une chanson, quant à elle relativement perturbante, avec ses riffs rock, et le chorus plutôt pop mélangeant un côté torturé et la voix de enfantine de Régine en arrière fond. Puis elle chante en français et développe l'ambiguïté de cette chanson, suivi d'un riff simple mais déchirant "Joan it's true..." et la chanson atteint son sommet pour moi.
Après ce morceau éprouvant vient Here come the nightime II qui est une sorte de repos onirique et électro de courte durée, mais qui apaise.
Awful sound (Oh Eurydice) n'a pas qu'un titre fantastique, il a aussi une magnifique intro. Son riff accompagné de cordes où Win pose sa voix, un peu comme un David Bowie, ensorcèle dans cette épopée électro où les choeurs nous emmène très loin, pour aller chercher Eurydice peut-être.
It's never over (Oh Orpheus), réponse à la chanson précédente est un peu plus rock mais conserve une rythmique électro-pop cosmique, que cette fin, ô cette fin céleste, vient sublimer.
Porno, au titre choc, est sensuel et sombre, élevé par les notes aiguës du piano et précède deux des plus belles chansons de cet album.
Afterlife c'est en effet une chanson obsédante, qui rappelle un peu The Suburbs version Glass Candy et c'est bon, qu'est ce que c'est bon ! Ces choeurs: 'till we work it out", ce sax barython et cette douce fin post-apocalyptique m'ont complètement conquise.
Et enfin, l'album se termine sur Supersymmetry, combinaison touchante de la voix des époux, qui m'a fait pensé à Peter Gabriel et Kate Bush, et vire à un style Post-rock vertigineux en toute fin...pour nous laisser sur le cul.
Magique! Cet album est magique, car surprenant ! On sent la passion du groupe et l'aventure artistique que cette orientation musicale représente pour eux: cette sorte de new-wave onirique et romantique leur sied à merveille.