Que des notes positives chez les éclaireurs, j'ai dû manquer un truc. Pourtant je suis bon client d'Arcade Fire, et leurs trois premiers albums allaient du correct à l'excellent.
Avec Reflektor, c'est certes un nouveau pas en avant, mais le groupe a viré à peu près tout ce qui était plaisant dans leur musique pour ne garder que les plus mauvais côtés de The Suburbs ; à commencer par l'influence new wave, écrasante sur la moitié des morceaux. J'entends par là synthé dégueu + rythme binaire mollasson (boîte à rythme à foison). Exemple avec "We Exist" qui démarre un peu comme "Billy Jean" de M. Jackson. Mais la qualité de son actuelle fait ressortir un clavier gras et laid à l'oreille. Au mieux, on trouve quelques arrangements intéressants sur le deuxième disque ("Porno" notamment).
Globalement, Reflektor est un album gentillet, inoffensif, exotique (genre bain de soleil et cocotier), où le groupe abandonne sa spontanéité pour s'étirer (inutilement) sur cinq, six, sept minutes... et sur deux galettes. Avec le moins de variations possibles, que ce soit à l'intérieur des morceaux ou entre eux. Une monotonie générale en ressort, on dirait que le groupe ne sait plus quand arrêter ses morceaux.
C'est donc assez chiant, dans l'ensemble.
Un bon exemple avec "Here Comes the Night Time". Entre le clavier en mode corne de brume, le vocoder, le piano risible au refrain, le morceau devient de plus en plus ridicule au fil des minutes jusqu'à devenir insupportable (combien de fois répète-il "here comes the night time" ?). Même problème pour "Normal Person" et l'articulation grossière des notes de guitare au refrain, qui donne l'impression que c'est joué avec les pieds.
Cette sorte de nonchalance qui les habite annihile tout relief dans leur musique. Reflektor est un disque long, construit en un bloc - mais divisé en deux disques pour une raison inconnue - et axé sur la répétition d'une formule pop (typé 80's) anesthésiée, étirée, jamais brisée ou remise en question. La force émotionnelle qui me plaisait tant dans leur musique en prend un sacré coup.