On ne présente plus le groupe Arcade Fire, notamment après tout le bruit autour de la sortie de leur album Reflektor. Mais tout le ramdam n'a pas été fait à tort: ce double CD est en effet très riche et repose sur différentes influences.
Tout d’abord, comme annoncé par la pochette de l’album, les références à l’Antiquité sont assez présentes. Plusieurs fois l’histoire d’Orphée et d’Eurydice sont évoquées, dans Awful Sound et It’s Never Over. La première est assez mélancolique et douce, tandis que la seconde est beaucoup plus énergique, dansante, comme si elle cherchait à remonter le moral à Orphée qui vient de perdre son Eurydice. On y entend même dans les couplets de très courts passages proches de la soul music, avec d’autres moments plus posés. Sur une chanson de 6 minutes on se retrouve donc déjà avec une grande diversité, symbole selon moi de cet album. Au niveau historique on peut noter une légère entorse à cette influence antique avec la géniale Joan of Arc, qui parlent vraiment de l’histoire de ce personnage, avec une musique absolument parfaite.
Autre grande influence qui ne peut être ignorée, c’est celle des rythmes afro-caribéens, qui place cet album dans la droite lignée de l’importance que le groupe accorde à Haiti. Cela s’entend très facilement, on peut par exemple citer Here Comes the Night Time et son rythme lent, si particulier, marqué par des percussions. On l’entend aussi assez facilement sur Flashbulb Eyes. Cela se marque toujours par le recours à différentes percussions, et insuffle du coup un côté dansant aux morceaux, et évidemment un style nouveau. Le côté dansant se matérialise bien avec Afterlife, qui est paradoxalement (selon moi) entre l’angoisse de ce qu’il y a après la mort, mais aussi l’insouciance de la vie avec ces rythmes enlevés.
Cela va de pair avec l’aspect dansant de cet album, mais on sent que depuis le début, il est prévu pour aller avec les shows intimistes et étonnants donnés par le groupe devant des foules déguisées. On entend ainsi une certaine agitation au début de Here Comes the Night Time,de Normal Person et You Already Know, cette dernière ayant un swing délicieusement vintage qui colle également avec We Exist et qu’on associe facilement à des concerts intimistes.
Mais pour moi il y a une force assez incroyable dans cet album, qui se retrouve dans deux caractéristiques pourtant apparemment contradictoires: une certaine nonchalance, et un aspect très rock. Ainsi on a des chansons comme la très sensuelle Porno, la très calme Here Comes the Night Time II, et l’émouvante SuperSymmetry. Chacune d’elles a sa force, car elles provoquent des impressions différentes malgré un rythme très calme. SuperSymmetry clôt magnifiquement l’album en étant à fleur de peau, douce mais aussi très touchante. Un vrai petit bijou donc qui trouve sa force dans sa douceur. A l’opposée, on a des morceaux très dynamiques comme You Already Know, Reflektor, Normal Person ou Joan Of Arc qui sont de vraies chansons rock, dont la force est vraiment évidente. Comme un symbole, Joan of Arc m’a personnellement convaincue dès la première minute. Bien évidemment, on ne tombe jamais dans du simple rock, et la présence de plusieurs voix et d’une musique toujours mélodieuse ainsi que d’une petite touche en français, on sait bien que c’est Arcade Fire.
Bref, cet album est très riche et aura très probablement au moins une chanson pour vous convaincre. C’est l’album de cette fin d’année 2013, c’est certain, alors ne vous privez de l’écouter et de l’acheter!
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