Reign In Blood est l'album monstre de Slayer, celui qui est, à l'instar de Master of Puppets, considéré comme l'un des albums essentiels du Thrash, celui que tout digne Thrasher se doit d'écouter, d'aimer, et de défendre au péril de sa vie, en témoigne l'amour quasi fanatique que les fans vouent pour ce groupe.
Donc heureux metalleux, considérez que l’infâme blasphème dont je vais être l'auteur ne soit pas celui d'un fan de Thrash, si ça peut vous rassurer, mais Reign In Blood est bien l'album le plus surestimé de son genre ! Voilà c'est dit, c'est fait, c'est gratuit.
Mais pourquoi d'ailleurs ? Eh bien parce que mon metal à moi, c'est le solo à rallonge et les prouesses instrumentales, c'est la virtuosité qui efface le fossé entre musique classique et metal, c'est les putain de chansons épiques !
Et dans le troisième opus du groupe le plus sale et le plus méchant de sa catégorie, il y a deux titres démentiels, Angel of Death et Raining Blood, lourds, transgressifs, monstrueux, poétiques quoi. Mais le problème est là, il n'y a que ces deux morceaux qui sont bons à garder, les deux seuls d'ailleurs qui soient devenus des classiques incontournables du groupe et de la scène Thrash. Necrophobic, Epidemic et tous leurs congénères aux titres puisant à peu près dans le même vocabulaire ne sont pas du tout mémorables, interchangeables, quasiment pareils de bout en bout, ne présentant chacun aucune originalité, aucune identité personnelle contrairement à ces deux morceaux mythiques, durant au maximum 2 minutes et 30 secondes à tout casser, comme si entre la première et la dernière chanson, il n'y avait que 20 minutes que brouhaha indéchiffrable qui n'a qu'un but : montrer à quel point Lombardo et King peuvent être rapides à leurs instruments respectifs, et si le premier est excellent (il n'est pas surnommé the godfather of double bassdrum pour rien), et bien notre cher guitariste barbu, pourtant irréprochable sur la rythmique, lourde comme jamais, autant que sur les riffs, efficaces et tranchants, pond ici des solos sacrément brouillons voir dégueulasses.
L'album le plus lourd de tous les temps, peut-être (même si les futurs essais de Pantera ou le monstrueux City de Strapping Young Lad semblent lui voler la vedette sur ce plan là) mais sûrement pas le meilleur du Thrash, les quatre premiers opus de Metallica et des perles moins connues comme Among the Living d'Anthrax et The Years of Decay d'Overkill sont bien meilleures.
Et le pire, c'est que ce disque affreusement surestimé est catalogué comme le meilleur du groupe, alors qu'il est à un cran au dessous des opus qui suivront, à savoir South of Heaven et Seasons of the Abyss, qui seront moins agressifs à l'écoute que leur prédécesseur, mais bien plus travaillés, techniques et virtuoses. Enfin pour ce que la virtuosité vaut dans le Thrash Metal.