La chronique de "RELAXER" sur Pitchfork, assortie d'une note sanglante de 4,5/10 s'intitule : "le troisième album des rockers britanniques dont on parle inclut des arrangements de cordes élégamment construits, des instruments à vent, et un ennui mortel". Et Jayson Greene (qui ?) continue la mise à mort en parlant d'un album "beige" (comprenez couleur vaguement caca) et "principalement sans mélodies", et d'un groupe qui "n'a aucune idée de pourquoi ils sont là et encore moins quoi dire"… C'est dire la haine et le mépris que suscite toujours Alt-J, cinq ans après la tornade provoquée par "An Awesome Wave". Personnellement, il ne m'a pas fallu plus d'une minute, et ce dès la première écoute du premier morceau de "RELAXER" ("3WW") pour être complètement séduit, puis rapidement fasciné, voire envoûté… pour m'embarquer dans un voyage sensoriel, émotionnel, que peu d'artistes m'ont offert ces dernières années... On conspue ça et là l'incohérence d'un album qui passe, oui, c'est vrai, brutalement d'une ambiance intimiste particulièrement bouleversante à des grincements post-punk Ver 2.0 - qui réjouiront les nostalgiques de l'ironie d'un Mark Smith -, pour finalement rechercher une sorte d'élévation purement cinématographique, sans chuter pour autant dans la grandiloquence qui menace ce genre de tentatives. D'autres, incroyablement, se plaignent de la brièveté d'un album qui a plus ou moins la même mesure que la plupart des chefs d'œuvre de l'histoire du Rock, comme si nous nous étions jamais habitués à la logorrhée stérile de la plupart des disques actuels. Et puisque la comparaison, terriblement paresseuse, avec Radiohead continue à nous être servie pour qualifier la musique de Alt-J, je préfère quant à moi souligner que toutes les mélodies de "RELAXER" sont impeccables, souvent addictives, parfois irrésistiblement excitantes... ce qu'on ne peut plus écrire à propos d'un album de Radiohead depuis belle lurette ! Bref, "RELAXER" est l'un des ces rares disques aussi surprenants que passionnants qui se retrouvent forcément en tête de mon Top de l'année. Pour ne pas dire la décennie. [Critique écrite en 2017]