Horreur, un album de Yes sans Rick Wakeman, mon dieu du clavier ! Que faire ? L’écouter ou boycotter ? Soyons sérieux, je ne suis pas fanatique à ce point, j’aurais tort de me priver d’une production d’un groupe aussi fabuleux que Yes !
Après l’excellent Close to the Edge, et le difficiles d’accès Tales from Topographic Oceans, les approbateurs Anglais, séparés donc de Wakeman au profit du Suisse Patrick Moraz, continuent dans le prog, avec une volonté de proposer des morceaux moins longs que sur l’album précédent, et d’offrir moins de grandiloquence pour une approche plus rentre-dedans.
The Gates of Delirium est vraiment gigantesque. On passe de la folie pure avec ces instants de prog purement instrumentaux. On en prend plein les oreilles, et ensuite le passage « Soon » vient nous porter vers les cieux, avec la voix cristalline de Jon Anderson qui manipule notre âme pour la manier comme un morceau de satin qu'il fait voleter de nuages en nuages jusqu'au paradis, accompagné des nappes éthérées de Moraz et du jeu de guitare limpide de Howe.
Sound Chaser est un de mes morceaux préférés du groupe. On a une composition complexe et bien prog aux teintes de jazz, à la ELP, avec une basse véloce et un jeu de batterie remuant avec ses cymbales prépondérantes.
Anderson change de registre et met cette fois de la poigne à son chant, en gardant son timbre délicat.
Le solo de clavier est indescriptible.
Moraz est en transe absolue, soutenu par une ligne de basse monumentale, il fait montre de son talent en explosant l'acoustique avec sa myriade de notes flamboyantes. Mon solo de clavier préféré de tous les temps...et il n'est pas de Rick
Wakeman !!
To Be Over contient bien quelques moments de beauté musicale, on est chez Yes, après tout, mais ne parvient jamais à me transcender, trop molle et plate pour ça, pour un groupe qui est capable de produire des divinités sonores telles que Close to the Edge, The Gates of Delirium, Awaken ou Siberian Khatru, évidemment.
Un monument dans l’ensemble donc, puisqu’on est transporté, secoué, en extase pendant près de trente-cinq minutes avant de finir un peu ramolli avec ce dernier morceau moins grandiose, qui laisse à l’auditeur une impression de déception.