Je vagabondais dans la bibliothèque audio de mon ordi. Pour mieux, encore une fois, revenir aux classiques. Alors même que j'ai des centaines d'albums à découvrir.
Les valeurs sures sont rassurantes. Surtout quand là-dedans, ça se serre et ça s'étrangle. Parce qu'on regrette certaines choses. Parce qu'on regrette paradoxalement d'avoir trop dit et de ne pas avoir dit plus.
Me voilà donc sur l'OST de Juno, où les titres de Kimya Dawson avaient immédiatement trouvé le chemin de mon coeur. Et l'envie naquit d'écouter certains de ses albums.
Quelques minutes après, sur Youtube, je goûtais du bout des lèvres Remember That I Love You. Des mots si beaux et si simples... Mais si difficiles à exprimer.
L'écoute de cet album fera renouer avec une certaine magie de l'enfance, celle où l'on compose et l'on écrit des textes sans réfléchir. Où l'inspiration coule comme l'eau d'un robinet ouvert en grand. C'est l'âge où tout semble facile, où l'on parle via son crayon de bois où son stylo plume d'encre turquoise, de tout ce qui nous passe par la tête et nous touche. Sans calculer. Enfermé dans sa chambre à l'abri du regard des parents, qui se demandent ce que l'on fait parce qu'ils ne nous ont pas vu de l'après-midi.
Les textes de Kimya fleurent bon le cahier à grands carreaux et à spirale métallique, vite noirci par une frénésie créatrice qui, parfois, s'empare de nous. A l'écoute, on imagine aisément les ratures, les reprises, les petits dessins faits dans la marge à gauche, ou tout en bas de la page, les textes qui n'en finissent plus. On jurerait voir Kimya assise en tailleur sur son lit, penchée sur sa guitare, celle qu'elle a eu pour son anniversaire, et la gratter. Pour expérimenter, pour créer, pour accompagner d'accords improvisés la malice de ses textes où elle parle du quotidien. Sans gravité. avec la grâce d'une simplicité toute enfantine.
L'accompagnement du texte est quasiment réduit au minimum, contribuant un peu plus à l'impression de spontanéité d'un album qui ne cesse de tourner dans la tête. Conquis, l'auditeur se laissera bercer doucement, en repensant à sa part d'enfance la plus fragile, la plus joyeuse, celle qui s'est irrémédiablement enfuie. Quand la parole semblait libre et sans aucune arrière pensée. Sans filtre. Ca venait, c'était couché sur le papier et on en faisait des chansons, plus ou moins dérisoires au regard du coeur que l'on y mettait.
Remember That I Love You, c'est cette simplicité sans aucun calcul. Cette pureté qui nous a quittée. Celle qui était là quand on ne pensait pas aux conséquences.
Les douze titres de l'album ont permis à Behind d'aller un peu mieux, le temps de quelques minutes. Le temps de quelques chansons comme improvisées. Les douze titres de l'album lui ont permis de réenchanter son petit coeur noir et blanc et ses sentiments encombrants tout en nuances de gris. Et il s'est pris à espérer qu'un jour, à nouveau, ce qui l'animait serait facile à exprimer pour lui. Qu'il pourrait enfin dire "I love you" et qu'il pourrait se souvenir de ce moment si doux.
La simplicité est parfois la chose la plus difficile du monde.
Behind_the_Mask, qui s'enferme dans la chambre de son coeur.