Remember That I Actually Love You
Tandis que son ex-compagnon musical Adam Green tourne sa voix dans la douceur mielleuse des crooners américains, Kimya Dawson tourne la sienne vers un léger éraillement et un chant rapide, poursuivant le côté lo-fi et antifolk de leur précédente collaboration: les Moldy Peaches.
Oui, tout le monde connait Remember That I Love You, ou en a entendu parler... D'une part, parce qu'il se présente comme un album simple, mais aussi paradoxalement comme le plus mainstream. Pas d'accords douteux et dissonants, pas de cris de bébés et kazoo (Alphabutt) ou d'enregistrement très lo-fi (premiers LPs). Bon ok, un violon douteux de temps à autres, mais tout de même bien dirigé.
D'une autre part, quelques morceaux notoires trainent sur la BO de Juno, film indé aux couleurs adolescentes, hymne aux joyeux torcheurs que sont les anti-folkeux. Cependant, j'avais envie tout de même de me lancer dans la chronique d'un album qui a pas mal compté dans mes choix musicaux. Quand les artistes commencent à devenir "audible pour tous", beaucoup disent que leur déclin est assuré. Ici, il en est tout autrement.
"Tire Swing". Première ballade dans l'univers enfantin et onirique de la maman folkeuse, repris dans le film Juno donc, entre autres. Le ton est posé. Parfois triste, parfois enjoué, mais toujours dans un sens de la simplicité et du second degré propre à la chanteuse. Triste, comme "My Mom" , petit hit tristounet trop longtemps sous-estimé de part son côté "placé entre deux hits". Mais en même temps, cet album est, pour qui aime le genre, un recueil de hits folk. Pas une musique en trop, pas une à jeter... Alors oui, le tout pourra sembler comme une même vague, comme 12 chansons à l'esprit identique reproduite à l'infini. Certains trouveront que l'album est prit sur le parti de plaire à un plus large public par son côté tout de même pop, mais aussi en gardant l'esprit de base, comme le montre cette belle illustration de Jeffrey Lewis qui orne la couverture. Oui, mais en plus du très bon niveau global de l'album, certains poussent le bouchon encore plus loin et proposent de vrais "différences" très intéressantes avec les autres pistes. Comment ne pas citer "I Like Giants" et son rythme (de ukulélé?) saccadé qui magnifie une mélodie déjà très entrainante. "The Competion" ou "My Rollercoaster" et leurs lyrics pointus et pourtant si réjouissants, qui forcent au sourire.
Il m'est avis que chacun se devrait d'avoir cet album pour s'en faire sa propre chronique personnelle, si ce n'est déjà fait. Personnellement, cet album est pour moi LA preuve que lo-fi peut-être accessible à tout auditeurs, et que ce ne sont pas que des clampins qui ignorent tout de l'enregistrement traditionnel. Il est la preuve encore, qu'à notre époque, une guitare, une voix et deux trois bricoles peuvent produire un très bon album. La mélodie, les textes avant tout. J'ose dire qu'en unissant dame Dawson et sieur Green, on obtient ce que doit être le folk moderne. Oui, voilà, même si l'anti-folk se marque à l'inverse de tout les folk-men qui reprenaient Dylan dans les parcs amerlocks, nous sommes ici dans l'intemporalité du folk. Et je trouve d'ailleurs un certain aspect Dylan première trilogie dans cet opus.
Remember That I Love You est donc simple, pur et concis, un tantinet ironique, onirique et malicieux... Sans doute un peu niais aussi, mais c'est une musique qui ne se contente pas de relever le niveau de la musique acoustique, mais elle nous fait sentir enfant ou adolescent.
Ma conclusion ne sera pas moins élogieuse, car c'est avec cet album que j'ai commencer à chanter après l'écoute répétée de ce LP, d'où ma note élevée. Un album qui selon moi, restera le sommet de la discographie de l'ex Moldy.
Simplement.