Dominique Astral.

Aujourd'hui, sur Arte Musique, nous accueillons Dominique A, grand compositeur français qu'on se doit de valoriser auprès du grand public car personne ne l'écoute. Il est venu ici alors, sur notre plateau, en personne afin de vous montrer qu'il est comme vous et moi.

Rectification, c'est une projection astrale de moi que vous voyez dans ce fauteuil. Mon corps, lui est en train d'atteindre le nirvana. Appelez moi Dominique Astral.

Ok. Pas de soucis, cela fera l'affaire.

"Prout"

Oups, mon cul a pété désolé. Aujourd'hui, c'est saveur camomille.

Et demain ? Lavande ?

Non, pamplemousse.

Oh, un petit oiseau vient de se poser sur votre épaule.

Oui, c'est un colibri. (Il lui murmure à l'oreille)

Qu'est-ce que vous lui avez dit ?

Cui, cuicui Cui. Si je le traduisais dans votre langue, cela pourrait s'approcher à "Fais gaffe, ce soir, il fait froid."

Et demain ?

Tempéré.

Bon, trêves de familiarités, le public est déjà subjugué. Nous allons passer un morceau de votre prochain album. Avec une nouvelle fois votre gueule dessus... La même expression de la non expression comme si vous étiez crispé et en même temps gêné.

C'est normal, c'était ma projection astrale.

Ah d'accord. Et le titre... C'est … Euh… Mince. J'arrive pas à le lire.

C'est normal, c'est de l'intelligence pure. Le titre, c'est "Partir avec nos pères".

Un morceau qui rappelle la pensée de tout un chacun concernant l'envie bien sûr instinctive de partir avec nos pères.

Si je peux me permettre, c'est aussi un appel onirique sur le plan dimensionnel.

Oui, j'allais le mentionner, le public aussi l'avait sur le bout de la langue. Voici un extrait :

Je n'ai jamais dompté les lions.

Regard aigu, visage anguleux.

Ils sont partis en Australie.

Pourquoi, ce n'est jamais si facile.

Les bras collent quand on se repose sur la table.

Oubliée. C'est l'heure des idées.

Je suis allé en soirée. Heure de l'apéritif.

Le sentier est sinueux, près de ton cœur.

Partir avec nos pères.

Partir avec nos pères.

Alors, voilà, c'est terminé. Et tout de suite, j'ai envie de dire chapeau, on voit tout de suite le rapport avec le père et… avec l'envie de partir… et surtout l'envie de partir avec nos pères. Car si on se colle les bras sur la table, on peut pas partir. Et les pères, c'est comme des lions, qu'il est difficile de dompter, avec leur visage anguleux qui rappelle la punition sur un enfant. Ce n'est jamais si facile. Et j'imagine bien que la soirée, c'est ce qu'on recherche à atteindre, c'est un peu lointain, comme d'aller en Australie, pays fort lointain.

Et l'heure de l'apéritif, c'était dit sur un plan dimensionnel.

Oui, tout à fait, vraiment une belle chanson Pop, monsieur Dominique Astral. Une belle chanson qu'on pourrait passer à la radio seulement sur un plan dimensionnel de l'abstrait. Avec une belle mélodie…

Ah… Il y a une mélodie ?

Euh… et bien oui. Il y a des instruments. Enfin. Vous comprenez…

Ah oui. Ma foi, j'ai oublié ça. C'est difficile de tout garder en tête quand on a des tas et des tas de livres de poésie imprimés dans votre crâne.

Bon, monsieur Dominique Astral. Je…

Oui, c'est la fin de l'émission, je ne suis déjà plus là.

C'est incroyable. C'est comme si le monde continuait sans lui… comme s'il n'avait jamais été là.