Couvrons cette critique de mauvaise foi que je ne saurais voir.


Halte ! Ceci est un petit message avertissant que cette critique est (il paraît) trop sexiste, homophobe pour être donnée à voir à de frêles oreilles. Je l'ai fait donc disparaître car je n'aime pas l'ambiance qu'elle a propagée dans mon entourage, en espérant que la censure calme les ardeurs, et que la nuit porte conseil.
Mais souvenez vous bien, les murs, ça reste jamais longtemps en place…


Edit : Je vous l'avais dit !


Vous savez, si je n'aime pas me taper contre les murs, c'est tout simplement que j'ai mal à l'idée d'y penser. Les murs sont tous les mêmes, du rouge au bleu, il n'y a aucune différence entre se taper sur un mur creux que contre un mur rempli d'isolant. En plus de cela, je sais où se trouve les murs, je devrais savoir les éviter. Je peux même en repérer un de très loin.
Alors pourquoi je suis allé me taper contre celui ci ? Peut être parce qu'on me recommande toujours d'aller essayer ce qui se fait aujourd'hui, vivre son temps, pêcher la pépite avant que tout le monde ne la proclame à sa place. Cette pépite a déjà été découverte, recouverte de peinture dorée car elle a perdu de sa valeur, et abandonnée le temps qu'on en trouve une autre en amont de la rivière.
Aujourd'hui comme ça l'a été hier et ça le sera demain, la date de péremption des films selon la vision manichéenne (des blockbusters contre les films d'auteurs), continue de laisser des petits cailloux sur le chemin du petit spectateur. Des petits cailloux qu'on aura tôt fait d'oublier puisqu'ils auront disparu avec le temps. Je vais faire ma Cassandre, mais le Portrait de la jeune fille en feu a des chances de disparaître avec ces autres cailloux, enfin je l'espère.


Pourquoi je n'ai pas aimé ce film ?
Grâce à mes goûts. Ceux qui demandent une réalisation rythmée, une musique entraînante, des acteurs empathiques, un montage sans fioritures, des scènes marquantes, des dialogues humains, un apolitisme et un fond sans grande prétention. Ces goûts m'ont alors sauvé de beaucoup de murs.


Partons sur la réalisation, placide, morne. La caméra bouge timidement sans qu'on comprenne pourquoi, se met à suivre les acteurs dans quelques scènes, et se limite à des gros plans sales. N'imaginez pas que les dialogues renouvellent la mise en scène. Plan sur la personne de gauche, plan sur la personne de droite, aussi prévisible qu'un métronome.
Continuons sur les acteurs. Pas mauvais au demeurant mais bouffi de mélo-dramatisme à deux francs six sous. On est au XVIII ème siècle, parlons comme dans les pièces de théâtre sans la littérature de Voltaire. Ménageons les dialogues enflammés, restons plusieurs secondes sur une fin de phrase, d'après la légende, faire durer les dialogues augmente la durée du film à ce qu'on m'a dit. Serait ce le fruit d'une rumeur ?
Et la musique, se débrouille t-elle de son côté ? Oui, étonnamment, elle m'a surprise. Le registre musical employé fait lever les sourcils et s'appose sur le film de manière convenable. Cela étant dit, je regrette que le film ne véhicule pas quelques atmosphères musicales dans son entièreté.
Le plat de résistance maintenant, le scénario. Parti pour un film intimiste sur une relation peintre/poseur, on ne s'attend pas à voir le portrait d'un couple lesbien trouvé sur le marché aux puces à Bourg-en-Bresse. M'est d'avis qu'il n'est pas là par hasard, quand c'est la mode et que tout le monde saute sur Terre en même temps, il faut se poser la question. L'anti-conformisme se prolonge avec un scénario mou, sans conflit, à la recherche éperdue d'un peu de sursis avant l'arrivée du générique. Toutes désaxées d'une intrigue principale, on suit les aventures de la servante qui veut avorter. Quel pur hasard qu'on retrouve cette thématique dans ce film ! Retournez au XVIIIème siècle Céline, et contemplez la natalité forte et la mortalité haute et où les enfants indésirables étaient, non avortés, mais abandonnés sur le perron des hôpitaux. Enorme coïncidence dans l'apparition de ce message politique.
Vous en voulez d'autres ? Apparemment, Céline a travaillé l'époque pour être 100% correcte. Ce ne sont pas des costumes que je veux parler, mais bien des messages à caractère politique sans de lien apparent avec l'époque. Oui, les femmes ne dessinaient pas d'hommes nus. Sexiste ? Oui. Et ? Vous préférez qu'elles ne touchent pas à un seul pinceau ? A cette époque, les femmes pouvaient peindre, c'était la mode, la société leur a permis la notoriété. Hum, pas si sexiste que ça.
Définissez moi ce que c'est la grande peinture ? Elizabeth Vigée le Brun, c'est pas de la grande peinture juste parce qu'elle ne peint pas des hommes nus ? Alerte raccourci fumeux.
La peinture conventionnelle, c'est pas bien !
Vous en connaissez des peintres anti-conventionnelles ? Goya a peint ses peintures virulentes à une époque où c'était possible de cracher sur les bonapartistes, il les a cachées dès que c'était interdit. David a collé aux basques de la révolution tandis que Vigée se tapait les cours royaux.
Bref, moi, Céline, j'ai étudié l'histoire mais avec mon optique de gauche. "Les femmes peintres ont révolutionné leur époque", non elles ont juste pris le train en marche.
Pour la peine, je ne comprends pas. Pourquoi écrire un scénario original, basé sur un couple lesbien, alors qu'elle aurait pu faire une biographie de Vigée Le Brun, elle le mérite mais il va falloir travailler dur pour le réaliser. Qu'est ce que je raconte ? Elle est jolie, bonapartiste, avait du talent et royaliste par dessus le marché ! Tout le contraire de la réalisatrice ! (Une critique ad personam, ça fait pas de mal parfois).
D'après Céline elle même, les mythes sont sexistes. Ah bon ? Je savais pas. Par contre, devrais-je rappeler que les mythes sont universels ? Avons-nous vraiment besoin de changer le mythe d'Orphée en quelque chose de toujours plus sexiste ? Le mythe d'Eurydice ? Elle a vraiment que ça à faire de déconstruire les mythes, Orphée aura fait un choix au lieu de se retourner par amour. Vous sentez le message politique ? Je veux dire féministe ? Je vous donne un indice pour trouver le mot magique, ça commence par un C et ça finit par un T.


Et enfin, en dernier plan, je suis comme Tartuffe, je veux effacer de mon regard tous ces nus que le film me projette à la face. Voulant donner à son film, une optique progressiste, elle fait ce que tous les réalisateurs ont fait depuis le début de leurs carrières, concrétiser leurs fantasmes les plus pervers, De Palma en tête. Comme quoi, moi qui pensait que les hommes aimaient mettre les femmes à poils dans leurs films, étrangement, l'autre côté du miroir semble inchangé.
De plus, mettre en avant un avortement tout en proclamant dans le débat qu'il n'y a pas assez de ce genre de scènes au cinéma et que si ça a pas déjà été fait, le simple fait de le mettre en avant, fera de Céline, une grande réalisatrice. "Une affaire de femmes" de Chabrol, 1988, il y a plus de 30 ans, un bien meilleur film à mon humble avis. Le plus vicieux c'est d'entendre de la bouche de Céline, que les avortements devraient faire partie du quotidien des hommes comme des femmes. Tout à fait, marchons sur les tabous sexuels et sur l'intimité car ils sont sexistes, essayons pourtant d'éviter de normaliser les tabous masculins car ils ne nous concernent pas (ce que je ne souhaite guère). Normalisons plutôt l'avortement au même niveau que d'aller chercher un big mac au fast-food.


Le problème avec cette critique, c'est que j'en ai oublié les points positifs du film.
Par exemple, j'ai bien apprécié les petites apparitions fantastiques de la poseuse, le côté projecteur invisible renforce cette dimension onirique. Néanmoins, ces apparitions auraient pu être prémonitoires et nous annoncer l'arrivée imminente d'un événement. Il n'en est rien.
Certaines idées de mise en scène sont intéressantes, comme la première vision de la poseuse, qui est secrètement cachée de la peintre. Hélas, cela manque cruellement de subtilité. Vous voyez beaucoup de femmes cachées dans des couvertures géantes ? Et qui s'enfuient sans aucune raison ?
Il y a aussi la scène où les deux femmes regardent au loin, la peintre essaye de détailler le profil de son modèle, tout en essayant d'être discrète. Le plan nous les montre de profil, et nous empêche de voir le visage de la modèle, seulement celui de la peintre. Quand celle-ci se retourne, on peut apercevoir pendant un court moment que la modèle détaille elle aussi la peintre. Une fois de plus, je reproche quelque chose, la scène est trop longue manquant de tirer sur l'ambulance.



Voilà la critique que je peux faire sur ce film, il n'y a pas grand chose d'autre à rajouter puisque le film fait du sur-place avec des scènes toutes plus aléatoires les unes des autres.
Parlons maintenant, de manière subjective, de la confrontation avec la réalisatrice dans cette salle de cinéma qui se réduisit à un meeting politique. Céline ne parlait pas de son film mais plutôt d'elle.
"Moi, je suis opprimée par les hommes de la production, moi, je suis assez forte pour faire un film comme ça, moi, je sens que le cinéma français, c'est de la merde aujourd'hui, enfin, à part mes films."
Le gars qui pose les questions se retrouve face à Sigmund Freud, et peine à rapprocher le sujet à du cinéma. Il tente quelques feintes mais la réalisatrice lui coupe la parole et n'écoute pas ce qu'il dit. Du pur Womansinterrupting… ou plutôt, du pur manque de savoir-vivre pour parler plus français et plus rationnelle.
Si on lui parle de la musique, c'est elle qui a fait toute la musique. Si on lui parle de l'éclairage, c'est elle, du cadre, moi, de la mise en scène, moi, des acteurs, moi, moi, moi.
Je sais, un réalisateur a des obligations avec tous ces partis, ce que je reproche à son laïus victimaire, c'est de ne citer aucun nom, comme si sa petite équipe jouait à la marelle sur le lieu de tournage. Elle a pourtant cité la chef opératrice, pourquoi ? Parce que c'est une femme. Les techniciens majoritairement masculins n'ont pas ce mérite.
Le pur manque de respect concerne l'homme qui joue le mari ou le passeur, j'en sais rien. En tout cas, le seul homme présent dans la maison et à qui on a donné une ligne "Bonjour". Le rôle de cet acteur a été moqué par la réalisatrice comme présent pour faire joli pour ensuite répliquer que les équipes de tournage sont mieux avec des femmes et des hommes en équipe mixte. Comme depuis toujours, et même sur ce film, ça ne change pas car les maquilleuses, les costumières, les coiffeuses, le casting et le script, sont majoritairement féminins.
Alors en deux heures, elle en a dit des conneries, à tel point que j'ai entendu la notion de "Déconstruire la masculinité". Un sujet fort abordé dans le film, ma foi.
Endimanché dans un pantalon, sans soutien-gorge (si mes yeux sont bons), écartant les jambes tel un manspreader en puissance, Céline donnait cette impression qu'il n'y a pas que la masculinité qu'elle veut détruire. La féminité va passer en second.
Eh oui, la grande alliance entre le féminisme et le LGBTQUISME a encore frappé. Les nouveaux ennemis changent tout le temps.
Demain, vous verrez, je porterai des pantalons qui me compresseront les couilles redéfinissant mon taux de testostérone a 0 car c'est l'avenir.
Parfois, j'aimerai qu'il existe des avions en partance pour Lost. Sur une île, le monde est totalement différent et ce genre de bêtises n'en font pas partie.


Quand ce fut le tour des spectateurs dans la salle de communiquer leurs impressions, ces derniers ont racolé les trottoirs avec un mimétisme tellement vrai qu'on aurait cru des mini Céline Sciamma.
Une fois de plus, on se retrouve devant le surmoi des autres personnes, incapables de poser des questions par rapport au film, tout juste bon à rappeler la grandeur de la réalisatrice et de son courage sans faille. Eh oui, faire ce film a permis de donner la parole aux LGBTQ. Je dirai plutôt qu'il a ouvert ses portes à la Queer Palm car les luttes progressistes sont un marché comme un autre.
Un courage incroyable devant des ennemis toujours plus invisibles quand on essaie de les repérer, ils sont là ! Les envahisseurs ! Les dominants !


"Moi, Céline SchiaMoi les a vus. Pour elle, tout a commencé un soir, alors qu'elle revenait d'un meeting féministe, aux alentours de la Province. Tandis qu'elle recherchait un raccourci que jamais elle ne trouva. Cela a commencé avec l'assoupissement d'une Femme que la fatigue avait rendu trop lente. (Moi ? Lente ?) Cela a commencé par l'atterrissage d'un engin spatial venu d'ailleurs. A présent... Céline SchiaMoi sait que le Patriarcat est là !
Le Patriarcat !
Le Patriarcat. Ces êtres étranges venus d'ailleurs pour conquérir les femmes.
"Je te jure, Francois Français, on va toutes les niquer !"


Un courage inexistant puisque ce genre de sujet est aujourd'hui plébiscité, qu'elle a même eu un prix qui fait partie du système en lui même, une palme c'est pas rien, l'affiche est tout de suite plus jolie.
Se plaindre la bouche pleine a cette qualité qu'elle permet de rallier tous les spectateurs à sa cause, à tel point que si on se risque de prendre le micro pour exprimer son mécontentement, le monde se retourne contre vous, les doigts pointés, et le cri des profanateurs de sépultures auront tôt fait de vous faire fuir la salle.
Au moins, on va dire que se plaindre fait vendre son pain car les spectateurs, toujours plus enclin à déchirer leur amour propre comme dans une scène d'un culte païen, renouvelle d'originalité à se mettre en avant. L'une montre qu'elle est émue et qu'elle est homosexuelle, donc a + b = j'ai mieux compris votre film que tout le reste de la salle. L'un part dans une mélopée longue et sinueuse, où le fantasme rencontre la réalité éphémère et où la question n'apparaît pas, manquant de faire disparaître le mot débat du dictionnaire. Une autre harangue la foule avec l'utilisation du mot minorisé censé nous ouvrir les portes des applaudissements superficiels. Qui ne voudrait pas applaudir quand tout autour de soi est sur le même diapason ? Staline aurait été comme un coq en pâte.
Bref, de politique en politique, on espère sortir de ce syndicat communiste, ou de ce culte de l'auteur solaire, la majorité des personnes quittent les lieux, laissant la réalisatrice face à une petite nuée de jeunes aux coupes courtes et piercings apparents. Les personnes âgées qui faisaient 90 % de la salle n'osent même pas rester, ils partent car leur temps est hélas révolu, tout ce qu'il demandait c'était un film de nues.
Non loin, à deux pas du cinéma, se trouvaient deux gaillards à la mine patibulaire, deux clochards qui n'ont pas eu la chance de voir la réalisatrice, ni de la connaître, ni de voir son cinéma. Deux gaillards qui rappellent ainsi que la déconstruction au masculin n'implique peut être pas leurs disparitions dans toutes les villes de France.
Je ne suis pas en train de faire un pamphlet marxiste, non, je suis juste en train de rappeler que la réalité frappe toujours à la porte face à l'euphorie progressiste. De même, la porte est superficielle pour elle. Elle préfère de loin, emprunter le mur car un mur sans base solide, c'est toujours friable et poreux.
Un mur qui veut diviser pour mieux régner, ça reste jamais longtemps en place.
"""

Diegressif
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le 27 sept. 2019

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