Abracadabra
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1966 est une année exceptionnelle pour le rock (au sens large du terme) : Aftermath, Blonde on Blonde, Sounds of Silence, My Generation, Pet Sounds – entre autres chefs-d’œuvre – et bien sûr Revolver des BEATLES, dans le contexte du Swinging London. Et tandis qu’ils s’apprêtent à effectuer leur dernière tournée mondiale (en août 1966), les Fab Four vont bientôt se consacrer à l’enregistrement de leurs albums (un par an dorénavant). En outre, ce septième disque est marqué par des innovations foisonnantes dans sa réalisation :
1. Taxman : George HARRISON a l’honneur de débuter l’album avec cette chanson anti-establishment qui fustige les impôts omniprésents. Bonne entrée en matière, rythmée et où Paul McCARTNEY joue le solo de guitare.
2. Eleanor Rigby est un morceau écrit par Paul qui sortira en single et qui deviendra un classique des Beatles. Pas de guitares ni de section rythmique pour accompagner les voix de Paul, John et George, mais un double quatuor à cordes.
3. I'm Only Sleeping : Thème récurrent chez John LENNON, le sommeil est le fil conducteur de cette chanson à l’ambiance onirique et aux paroles un tantinet surréalistes. En ce qui concerne l’enregistrement, c’est l’expérimentation qui prévaut : la piste rythmique est ralentie tandis que la voix de John est accélérée. Quand au solo de guitare de George, la bande est passée à l’envers !
4. Love You To : Ambiance zen et spirituelle avec ce titre composé et chanté par George qui joue également du sitar. Accompagné de musiciens indiens, dont le joueur de tabla Anil BHAGWAT qui sera le 1er musicien additionnel à être crédité sur un album des BEATLES.
5. Here, There and Everywhere : Délicate par sa simplicité, cette sublime chanson se démarque des autres titres du disque par l’absence d’artifice particulier. A noter la qualité des harmonies vocales. John avouera plus tard qu’il s’agissait de son morceau préféré de Paul.
6. Yellow Submarine est une idée de Paul qui souhaite composer une chanson pour enfants, et celle-ci conviendra bien à Ringo. En outre, Brian JONES, Marianne FAITHFULL et DONOVAN notamment, participent aux bruitages et/ou aux chœurs. Ce morceau pop fait office de parenthèse ludique dans un album moins accessible que ses prédécesseurs.
7. She Said She Said représente bien Revolver avec sa tonalité psychédélique et novatrice. C’est l’apport essentiel de John avec ses paroles intimistes et provocatrices. Côté musique : superbe jeu de batterie de Ringo, et excellent son des guitares.
8. Inspiré du Daydream des LOVIN’ SPOONFUL, Good Day Sunshine ouvre la face B. Paul apporte optimisme et soleil avec cette chanson. C’est le producteur George MARTIN qui joue le (petit) solo de piano.
9. And Your Bird Can Sing est un morceau aux sonorités rock et aux paroles assez énigmatiques (plusieurs interprétations possibles) de John. Il fait honneur aux guitares et le solo est d’ailleurs un duo de George et Paul qui jouent ensemble.
10. For No One est une (très belle) chanson de rupture amoureuse inspirée par les difficultés relationnelles de Paul avec Jane ASHER (sa fiancée de l’époque). Mélodieuse et mélancolique, elle change radicalement du titre précédent.
11. Encore un mystère signé John : qui est vraiment Doctor Robert ? Il s’agit a priori de celui qui détient et distribue des pilules et autres drogues… Peut-être un fameux médecin de New-York, ou serait-ce John lui-même ? C’est en tout cas un nouveau morceau aux sonorités rock.
12. I Want To Tell You est le 3ème titre de l’album signé George HARRISON. Celui-ci s’affirme ainsi de plus en plus au sein du groupe en tant que singer-songwriter. La chanson parle de 'l’avalanche de pensées qu’il est difficile d’écrire, de dire ou de transmettre' selon l’auteur lui-même.
13. Sous couvert d’une chanson d’amour, Go to Get You Into My Life est en réalité une ode au cannabis écrite par Paul. La section rythmique ainsi que les cuivres rappellent sensiblement le son ’Tamla Motown’.
14. Tomorrow Never Knows conclue magnifiquement l’album. C’est sans doute le titre le plus emblématique de Revolver et l’œuvre de John. Inspiré par la musique indienne et écrit sous acide, il propose vraiment quelque chose de nouveau. Particulièrement expérimental, l’enregistrement crée une ambiance surréaliste et annonce leur futur chef-d’œuvre : Sgt. Pepper.
Avec ses 14 titres tous différents les uns des autres, Revolver parvient quand même à trouver un équilibre entre morceaux avant-gardistes et chansons plus mainstream. Pour les BEATLES, il restera l’album de la métamorphose, et deviendra, avec le temps, une référence dans leur discographie.
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Créée
le 19 nov. 2021
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