Riders On The Storm
Quand en 1981, James Hetfield répond à la petite annonce d'un certain Lars Ulrich qui cherchait un guitariste pour balancer du Metal les jours de pluie et passer le temps entre deux petits boulots,...
le 19 août 2018
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8
En 1984, loin d’être la dystopie décrite par George Orwell (même si Reagan était président des États-Unis), le monde assistait au triomphe artistique de Prince, à l’explosion des conformistes de Wham! et aux synthétiseurs un peu trop putassiers d’un Van Halen se voulant de plus en plus commercial et de plus en plus daubé. Dans un registre plus privé et bien plus excitant, la vierge de fer installée confortablement en Europe sortait sa pyramide pharaonique et les hargneux de Metallica sortait leur deuxième album studio.
Rares sont les artistes qui arrivent à faire évoluer à ce point leur musique en si peu de temps, car entre Kill ‘Em All et Ride the Lightning, il n’y a qu’un an d’écart, mais un fossé musicalement parlant, tant l’album innove et se veut bien plus ambitieux que son prédécesseur.
Suivons donc pour la seconde fois les aventures de James Hetfield le picoleur, Lars Ulrich le grimaçant, Kirk Hammett le silencieux et Cliff Burton le hippie au sein du bateau imbibé d’alcool qu’est Metallica, en nous penchant sur l’album à la pochette bleutée (ou verte, cela dépend de votre chance).
L’album débute avec finesse, de doux arpèges acoustiques confiant au rêve, avant de nous plonger brutalement dans une atmosphère de désolation sonore lors d’une attaque nucléaire (le thrash est plus provocateur et plus politisé que ses aînés), impossible de ne pas frissonner en entendant Fight Fire with Fire et son solo, virtuose, mélodique, preuve d’un bond en avant du jeu de Kirk le silencieux.
Ride the Lightning, parlant de la peine de mort (d’un point de vue favorable...eh oui, politisé le thrash...) fait son travail de chanson-titre, ce n'est pas la pièce maîtresse de l'album à contrario de l'opus suivant qui sortira en 1986, mais reste un classique incontournable; nerveux, dense et "heavy" au possible.
Maintenant, un petit tour à Zombieland. For Whom the Bell Tolls est LA chanson de Metallica, celle que beaucoup de la génération Y on découvert par le biais de la comédie horrifique maintenant culte de Ruben Fleischer, (ce générique au ralenti était foutrement classe). Inspirée du roman éponyme de Ernest Hemingway, cette chanson est sûrement la plus épique de leur discographie, avec cette introduction monstrueuse qui débute après un glas qui n'a rien à envier à Hells Bells, son solo de basse signé Burton le hippie, ses textes lourds emportés par la voix mordante d'un James Hetfield picoleur un peu plus mûr dans la modulation de son chant (mais pas encore à son apogée), ce titre est incontestablement une réussite qui est toujours un plaisir à redécouvrir en version live, car il est clairement taillé pour la scène. Mais cette réussite ne laisse pas la suite dans l'embarras, bien au contraire, grâce à Fade to Black. La première ballade du groupe, qui va faire couler beaucoup d’encre (Oh non, Metallica a fait une balade ! Mais où va le monde !) qui nous offre une des meilleures expériences musicales possible et dégage une atmosphère de paix et de détente à chaque écoute (de préférence juste après le titre précédent, le contraste est sublime) malgré des textes donnant corps à la dépression et aux envies suicidaires d’un homme. Le tempo est lent, mais la puissance et la lourdeur sont toujours là.
Trapped Under Ice et Escape ne sont pas devenus des classiques au contraire des autres titres, mais si le second est plutôt dispensable (pas mauvais, mais bien moins fort et percutant que le reste de l’album), le premier reste très bon, description musicale d’un homme en plein désespoir car coincé sous la glace, il propose un "thrash sauvage" décomplexé pas du tout déplaisant et cohérent avec le reste de l’album.
Vient ensuite pour remonter la côte le monstrueux Creeping Death. Overdose de riffs, de solos et armé d'un rythme puissant, ce morceau est inspirée des Dix plaies d'Egypte, et en jette plus que la chanson-titre, elle constitue l'apogée du style et de l'aura de l'album avec le titre suivant, et sera jouée des milliers de fois avec frénésie en live, car Creeping Death, pour le fan hardcore comme pour le fan occasionnel, est un classique complet.
Le disque se clôture donc sur The Call of Ktulu, qui n'est autre qu'un chef d’œuvre instrumental, et qui, sans textes, réussit à nous plonger dans la folie mystique et fantastique de H.P. Lovecraft, l’auteur fétiche du hippie. On ne peut qu'imaginer la créature inventée par l'écrivain sortir des profondeurs des abysses sur ce morceau en fond sonore. Un morceau digne d’une B.O. de film catastrophe horrifique qui fait l’effet d’une bombe, et qui sera sublimée dans le live S&M avec un arrangement épique à en jouir 15 ans plus tard.
Encore le même constat que pour Kill ‘Em All, 8 titres, 7 bombes dont 6 classiques. Des musiciens plus expérimentés qui s’en donnent à cœur joie, et, en partie grâce à un bassiste sortant un peu plus de l’ombre, un penchant progressif et mélodique qui a énervé les puristes qui préféraient le côté rentre-dedans du premier album, mais qui confirme que le groupe a la volonté d’évoluer, de sortir du carcan d’un thrash brouillon in your face voué à mourir à la fin de la décennie pour percer dans un metal plus intemporel et plus enclin à la virtuosité. Car si Ride the Lightning et les deux opus qui vont suivre chez Metalloche sont catalogués dans le thrash metal, on ne peut nier que la richesse de leur musique les situe bien au-dessus des pontes du style tels Slayer ou Megadeth, et qu’il y a quelque chose en plus qu’il n’y a pas chez les groupes de la même génération et de la même école : l’émotion.
Ride the Lightning, avancée majeure dans l'histoire du groupe, va donner au thrash et au metal en général ses lettres de noblesse, et assurera aux four horsemen au line-up quasi-parfait une place sur le trône du metal américain, place qu’ils vont défendre avec puissance et fureur deux ans plus tard...Mais ceci est une autre histoire...
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Créée
le 20 avr. 2020
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