Rien à Branler
5.1
Rien à Branler

Album de Lorenzo (2018)

History lesson young folks,

Liseuses, liseurs,

Bon j’imagine que si vous êtes ici, c’est que vous connaissez le bonhomme. Lorenzo, Lolo, L’empereur du sale, ça fait maintenant un petit bout de temps qu’il traîne dans le milieu rap français. Au début on était sur un rap parti d’une blague, qui s’associait facilement à une caricature extrême des ‘codes’ du rap gangster. Lorenzo c’était (c’est toujours, mais ça je te l’explique tout de suite mon petit) une sorte d’humoriste talentueux, touche-à-tout (Lucien Boursin, la météo du sale) et qui faisait un peu de musique. Attends, Bourvil, Lorenzo...?

Mais là, mais là mamène. On est sur un album mon con, et un album entier de blagues, je l’écoute pas gros.

Alors Lorenzo est devenu sérieux. Mais comment faire, les gens attendaient Lorenzo, un truc un peu underground, dans la déconne, indépendant, mais ils voulaient aussi l’Album, la musique, bref un truc sérieux. La musique, le rap, le rap sacré.

Le sens musical, Lorenzo l’a. En dehors de la plupart des morceaux de son album que je surkiffe, les chiffres parlent d’eux mêmes. C’est pratiquement 100 millions de vues pour un musicien sans avoir jamais fait d’album (bon d’accord il y a une mixtape mais bon tu vois). Le fait que Lorenzo soit talentueux, c’est pas seulement moi quoi, les gens kiffent.

Pourquoi ?

Alors là j’aimerais parler de démystification, d’ironie et de pogo, mais ça serait ennuyant. Bref, Lolo c’est au rap français ce que le Punk était au Rock.

On a un jeune près de ses fans (le ticket d’or mamène), aux antipodes des plus gros rappeurs s’expatriant à l’étranger, inatteignable (Booba, Maître Gims...). Aujourd’hui le rap est de plus en plus loin de son public, avec des tracks théoriques, sur des revendications, des implications idéologiques, des thèmes ‘cute’ (petite fille de Booba), bref on est sur les Beatles qui ne composent plus qu’en studio pour fournir à la populace des tracks de génies, très travaillés, produits. Là où Lorenzo, c’est toi, moi, elle, lui, ouais même elle au fond avec ses lunettes rondes. On a une ‘teenager mood’ qui aide pas mal, une influence intergalactique du THC, du sexe, mais abordés comme ‘tout le monde’ (coté dealer en moins) : un mec tranquille, défoncé avec ses potes en train de fumer dans le canapé de son pauvre appart’ (je fais référence au clip de fume à fond), un gars qui se fait tej’ par des meufs en soirée (oh la la j’ai trop bu elle me dit non). Bref, on a cet aspect propre au Punk, qui à son apparition se voulait proche de son public. On peut aussi voir un refus des institutions : ‘ouais c’est Rico le producteur nique ta maison de disque’.

En plus de ce côté ‘vrai gars’ posé, on a un énorme côté impressioniste dans les lignes de Lorenzo. Certaines de ses lignes ne veulent rien dire, mais elles apparaissent claires, précises.

‘Dans la nuit, les yeux qui piquent’
‘Le soir couché sur le capot, pour comtempler les étoiles’
‘Les flics attaquent avec des sex-toys’

Quelques lignes de Columbine aussi, sur le refrain de ‘ce genre’ titre incroyable :
‘Ça roule ce genre d’engins partout dans la pièce’
‘Elle à ce genre de... mmhmmh’

Lorenzo s’inscrit dans un rap beaucoup plus musical, plus orienté ‘soirée’ ‘musique’ moins texte, les titres ne sont plus une instru + un texte, ce qui créé une ambiance de fou.

Bref, tout ces renouvellements des codes rap ne pourraient être que des ‘trolls’ cherchant à faire le buzz, mais ils sont beaucoup trop intelligents pour qu’ils soient ‘simples’. On a même une instru de XX, qui est à l’origine de ‘Macarena’ de Damso. Lolo se donne du mal pour sortir ses sons, plus que ce qu’on pourrait penser.

Pour finir, cet album est une première forme aboutie de l’empereur du sale, la mixtape. Avec les morceaux ‘faudrait’ et ‘bouteille d’eau’ on pourrait voir un aspect de Larry Garcia, qui peut promettre du bon dans le futur. On a même eu le droit à certaines lignes qui faisaient penser à une éventuelle sortie de son personnage Lorenzo :
‘On dit que j’suis infréquentable, wesh en skred j’suis adorable’
Ou alors :
‘C’est le bordel dans ma chambre, et sous le couvre chef’
Petit clin d’oeil au titre dans ma chambre de Columbine, et allusion au bordel dans la tête de Lorenzo, qui s’apparenterait à de la schizophrénie.

En 2 mots comme en 100 :

J’ai kiffé cet album mamène. Du très bon.

VoleurDePommes
10
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le 7 mars 2018

Critique lue 956 fois

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VoleurDePommes

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