Et viva les Rolling Stones!
Dès le début, ça fait penser aux Rolling Stones, ça chante comme Mick Jagger, ça swingue et ça sue comme un Rolling Stone. Primal Scream proclame haut et fort son influence majeure, beugle son appartenance à l’Eglise du Swinging London de la meilleure des façons, en jouant aussi (parfaitement) bien que le groupe originaire de Dartford, le plus emblématique de l’époque des sixties. L’intégralité de ce « Riot City Blues » semble être sortie des fûts du jouissif « Exile On Main Street », ni plus, ni moins.
« Nitty Gritty » transpire la fureur et la joie de jouer de « Sticky Fingers », les riffs sont affutés et tranchants. Oui …on est bien en 2006. « Suicide Sally & Johnny Guitar » respire les marées humaines des pogos - in live, ou à tout le moins la fiesta bien alcoolisée, et je n’en fait pas pour autant une apologie. Donc, en trois morceaux, Primal Scream fait déjà de cet album l’un des chefs-d’œuvre (de ce qu’il reste) du rock des années 2000.
« When The Bomb Drops » convainc, même si le titre ne s’élève pas à la hauteur des premiers instants de l’album. Histoire de ne pas balancer toutes les pépites, les gars font durer un peu le plaisir, et nous font mijoter quelque peu.
Le psychédélique « Little Death » débute comme « Careful With Axe Eugene » du Floyd, ce qui témoigne de la large palette d’influences du groupe, la batterie est impeccable, et l’originalité du morceau apporte une nuance dans la couleur très boogie - rock - couillu du disque.
« The 99th Floor » a une tonalité un poil garage et le riff rhythm’n blues a clairement été emprunté au Stones, et ça me paraît entièrement assumé à l’écoute, comme si l’influence était trop grossière pour prétendre la cacher. « We’re Gonna Boogie » sous fond de rythmique à l’harmonica semble être un pastiche de blues, et montre qu’il faut un certain relâchement et une absence de sérieux pour aborder et interpréter comme il se doit tous les sous-genres du rock’n roll, ce qu’ils font sur ce titre comme des maîtres.
« Dolls » est (encore une fois, mettons-en une couche) estampillé « Rolling Stones », et ça commence presque à bien faire, mais non, puisque c’est vachement bien foutu et que ça pue la sueur, la bière, le rock, le perfecto, les ray-ban. Et sur le solo du morceau, ils prouvent qu’ils sont à peine nostalgiques de la période des grands solistes (Page, Hendrix et Alvin Lee en tête de liste) et surtout qu’ils n’ont rien à envier à Mick Taylor, génie soliste au blues débridé. A l'image d'autres morceaux de l'album, riff, pont, solo et chant sont inoubliables, manifestant au passage une envie de jouer diablement authentique, à faire pâlir de jalousie le Metallica - nouvelle génération.
Voilà, nous n’avons plus les Flamin’ Groovies de nos jours mais nous avons Primal Scream. Et c'est rock'n roll.