Ritual par Joro Andrianasolo
Difficile pour quiconque suit un tout petit l’actualité du metal de ne pas avoir entendu le nom The Black Dahlia Murder quelque part. Une figure de proue du deathcore, style très décrié où il faut piocher les groupes avec des pincettes au même titre que son lointain cousin le metalcore. The Black Dahlia Murder ont jusqu’à présent (à ma connaissance, votre serviteur n’ayant pas écouté Deflorate) adopté la « Amon Amarth attitude »: on ne change pas une formule qui marche. Ce Ritual me donnera-t-il tort ?
C’est un morceau assez convenu qui ouvre le bal, pas vraiment à la hauteur de leurs meilleures performances. On s’inquiète même un peu à l’écoute de “Moonlight Equilibrium”, qui est tout aussi quelconque, quoi que bien exécuté. On change de registre avec “On Stirring Seas of Salted Blood” qui navigue dans les eaux poisseuses et la lourdeur d’un Morbid Angel. Du pur death metal sur ce morceau, avec des chœurs fantomatiques à la Nile du plus bel effet. Première surprise de l’album et ce n’est pas fini. Intro, break et final au piano sur “Carbonized in Cruciform” avec quelques-uns des ces terribles riffs en tremolo piqués au black metal et une accélération sauvage suivi d’un solo groovy. Ryan Knight assure d’ailleurs quelques jolies pirouettes sur son manche. Autant dire qu’il sauve absolument chaque morceau de l’album lorsque l’auditeur commence à bailler (“Conspiring With the Damned”). Les surprises se poursuivent avec cet étonnant solo mélancolique au milieu du pourtant très typé “Malenchanments of the Necrosphere”. Dommage que ça soit aussi court.
On continue ? Un mix punk hardcore/death sur le très bref mais très jouissif “Den of the Picquerist”. On retombe quelque peu dans les travers du deathcore casse-burnes sur certains titres (“The Raven”), mais The Black Dahlia Murder étant l’un des inventeurs du genre, peut-on honnêtement le leur reprocher ? Un chant black/death, des riffs nourris de black/death/hardcore, une batterie qui blaste et fait rouler la double grosse caisse presque en continu, une basse euh … y en a-t-il une ? The Black Dahlia Murder ne dévie vraiment pas de sa ligne de conduite, ou alors très peu. Seules échappent à ce constat les deux grosses tueries de l’album “On Stirring Seas of Salted Blood” et “Carbonized in Cruciform” tout comme le morceau final, qui voit l’ajout de claviers/violons sur ce qui aurait pu être une chanson très typique. C’est un petit peu dommage qu’ils n’en fassent pas plus quand on perçoit ce gros potentiel n’attendant que d’être exploité. Ou alors peut-être qu’ils tâtent le terrain pour une possible évolution future …Si c’est le cas, on ne peut que les encourager. En attendant, les fans de la première heure se satisferont d’un “The Window” ou d’un “The Grave Robber's Work”.
Ils semblaient avoir tiré le meilleur du deathcore dans sa forme la plus classique sur le dévastateur Nocturnal. Cette-fois ils poussent un peu plus loin et gageons qu’ils continueront de le faire, car tout a été plus ou moins dit dans cette scène. N’est-ce pas ce que l’on attend aussi de la part des pionniers d’un genre musical ?