The Master.

L'introduction est fracassante : le riff de « Back In The Saddle », d'abord lent, s'accélère très vite avant l'inéluctable : le grand saut, l'explosion conjointe des instruments et de la voix, la symbiose parfaite, orgasmique, heavy, dont le point culminant est très certainement la voix enraillée et suraiguë de Tyler, poussant les limites de son organe aux limbes du hard rock.

Suit « Last Child », tout aussi impeccable : les solos de Perry semblent plus appliqués, plus maîtrisés qu'avant. La confiance du musicien, indéniablement renforcée par le succès, est plus évidente : les notes de guitare sont belles, racées, soulignées d'un doigté plus juste, plus rapide, devenu virtuose. « Rats In The Cellar » et « Combination », aux rythmes effrénés, sont dotés de riffs lourds, plus percutants, plus signifiants, plus ouvertement heavy metal aussi ; mais de cette puissance compacte, rock, dense et péremptoire, les chœurs, mélodies ou refrains ressortent (parfois) de l'ensemble comme la touche « pop » pouvant calibrer le tout pour les radios. A l'image de cette introduction en arpèges cristallins du tube qu'est « Sick As A Dog », sans parler du refrain, mémorable, qui tous deux mettent en avant le goût et la maîtrise certains du groupe pour les mélodies (et que plus tard les Guns'N Roses n'oublieront pas pour élaborer des morceaux comme « It's So Easy » ou « Think About You »).

Et que dire du final ?

"Home Tonight" vient clôturer ce disque imparable, à la production chromée, avec de subtils chœurs sur le refrain qui chavireront là bien des cœurs, ainsi qu'un savoureux solo de Perry qu'on sent pour le coup (plus que sur d'autres pistes) enregistré en overdub. La superposition de solos, dans le final ultime, laisse l'auditeur avec l'envie d'en remettre un coup. On se dit que c'est trop tôt (album de courte durée : 34 minutes), que ça devrait ne pas finir : la nuit ne faisait que commencer...