Il me semble qu'actuellement la scène musicale française connaît un vrai regain de créativité. Si comme tâche de dimanche après-midi, on voulait lister les groupes français qui cartonnent ces derniers mois, on en aurait, et cela fait bien plaisir, une belle tripotée (M83, Revolver outre les éternels Phoenix et Daft Punk, etc.). Parmi les nouveaux arrivants, s'il y en a un à qui on souhaite un succès comparable, c'est bien le groupe Rover.
En observant la pochette de l'album, on ne peut s'empêcher d'imaginer Timothée Régnier, le chanteur-compositeur de Rover en homme bourru, grognon, à qui on tire difficilement un sourire. Avec un tel physique, on attend une voix pleine de coffre, grave, qui en impose. Le chanteur a pourtant cette capacité à virevolter étonnamment des graves aux aigus avec une facilité déconcertante.
L'histoire de Timothée Régnier est particulièrement étonnante. Il a vécu à New-York dans son enfance, a voyagé en Allemagne et en Suisse, il a surtout été récemment expulsé du Liban après avoir abusé des visas touristiques. De retour en France et plus particulièrement en Bretagne, celui qui fut guitariste dans le groupe de Punk-Rock The New Government s'isolera dans une bâtisse isolée pour composer ces 11 morceaux de l'album.
L'album s'ouvre sur Aqualast et l'on se retrouve envouté immédiatement par ce timbre de voix si particulier. Ce morceau, véritable coup de massue de ce début d'année musicale, impose une présence forte, le rock que nous propose Rover passe de la brutalité à la douceur, il nous guide sur des envolées lyriques flamboyantes. Voici le rock dans ce qu'il a de meilleur, voilà le rock qui nous touche insidieusement, calmement, avec talent.
Au fil des morceaux, les influences de Rover se dévoilent. On y trouve du David Bowie en priorité, des sonorités à la Beach Boys (période Pet Sound - Smile), des relents Gainsbourgiens et du Beatles. Il faut dire que d'un point de vue influence, il est difficile de faire mieux. Ainsi, des sonorités électro apparaissent au fil de certains morceaux (Remember, Champagne), un morceau comme Lou me fait le même effet que Ah ! Melody de Gainsbourg, le morceau Carry On reprend les sons spatiaux du Ziggy Stardust de Bowie, l'intonation de voix de Timothée rejoint celle de Stuart Staples (Tinderticks) sur Wedding Bells.
Avec Rover, Timothée Regnier a réussi à digérer ses influences, il nous plonge au coeur d'un rock posé, aux sonorités travaillées, sa voix complétant avec brio les mélodies. Essayant avec bonheur de nous montrer son talent, Rover nous pond donc un bel album. Pour ma part, je lui prédis des récompenses à la pelle quand on devra faire le bilan de l'année musicale 2012 (parions sur les Victoires de la Musique ou le prix Constantin)
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