El-P et Killer Mike reviennent mettre tout le monde d’accord pour notre plus grand plaisir. Ce faisant, ils se placent d’emblée dans notre shortlist pour notre top de fin d’année 2017 tant ce plaisir est renouvelé au fil des écoutes. La classe américaine.
Vous connaissez le bon vieux dicton : jamais deux sans trois. Et bien ce 3ème LP, il vient compléter ce qui ressemble maintenant à une belle trilogie. Oui les prods sont toujours aussi fats, RTJ a trouvé la formule magique et semble pouvoir enchaîner les perfect à l’infini. Étonnants de facilité, les deux acolytes enchaînent ce qui ressemble à s’y méprendre à un sans-faute. C'est super bien foutu, on en prend plein les oreilles.
Jugez plutôt : ça démarre en douceur avec Down, ses nappes de clavier, ses petites voix Soul en fond et déjà sur Talk to me le beat se fait plus lourd. On ne rigole plus, on rentre dans le vif du sujet. Le doute n’est plus permis sur l’énormissime Legend Has it. Same player shoot again. Le rap jeu continue de plus belle sur Call Tickerton. Les combos continuent de s’enchaîner, c'est le high score.
“ This is so crazy! ” peut-on entendre en intro de Hey Kids. C’est vrai que c’est de la folie : les sons sont déments, les beats sont tarés, les flows sont dingues. C’est le moment que choisit Danny Brown pour faire une apparition très réussie. Les deux MCs ne lâchent pas l’affaire et continuent leur travail de sape sur Stay Gold. Ça déroule tranquille. C’est trop tard, ça fait longtemps qu’ils ont capté toute notre attention et ils ont beau répéter Don’t Get Captured, tout résistance est vaine.
On s’avoue vaincu sur Thieves qui heureusement pour nous calme un peu le jeu, le temps de reprendre ses esprits, avec l’aide de Tunde Adebimpe qui officie d’habitude au sein de TV on the Radio. On a droit à un nouveau featuring avec Boots et sa voix fluette sur 2100. Ça repart de plus belle, à grands coups de “ I am Shit. I am Shit, Bitch ! “ et des beats à vous rendre fou, à hocher la tête comme un clébard affamé qui parcourt le dédale des rues du Bronx.
On frôle l’extase en français dans le texte, quand EL-P poursuit les hostilités avec un “ Excusez-moi bitches!” sur un Everybody stay calm qui en effet vient calmer tout le monde. À ce niveau on croit que la messe est dite, mais les deux derniers morceaux finissent de nous achever.
Les invités de marque ne sont pas là pour faire de la figuration et nous avons droit à une vraie collaboration avec le jazzman Kamasi Washington, dont le saxo se fond à merveille dans le flow des deux lascars. Pas le temps de comprendre ce qui nous arrive que déjà A Report to the Shareholders / Kill your masters vient clore majestueusement l’album parfait ou presque. Super solo de Killer Mike, petit arrêt aux stands pour mieux lâcher les basses pour préparer le final en scandant ad lib Kill your masters avec le renfort de Zach de la Rocha. The End. Pfiou, pas facile à digérer après les fêtes.
Et pourtant, ce disque frais et varié est aussi hautement toxique et tourne déjà en boucle.
Repeat after me : laissez tomber P.N.L, jetez-vous plutôt sur ce véritable bijou.
Toi même tu sais.