too bad

pourquoi 8 et pas 10 ?

la voix d'Aretha à 22 ans est bouleversante. Ne pas tenter de la décrire ou de la qualifier, ce serait du temps perdu, juste l'écouter.

Mais les autres voix de ces enregistrements gênent souvent - pas toutes harmonieuses, pas bien choisies pour la mettre en valeur. On voudrait pouvoir décaper ça et entendre juste la chanteuse, a capella....

... et il y a cette version de la shoop shoop song, vraiment pas la meilleure du monde... dommage.

la chanson qui donne son titre au disque n'est pas non plus ici dans sa meilleure version :

on trouvait sur youtube, il y a encore quelques années, une captation d'un passage d'Aretha très jeune à une émission : debout, droite et raide d'émotion, elle la chante avec une dignité blessée, l'indignation vibre dans le moindre mot sans qu'elle lâche les chevaux...

...la chanson n'est pas d'elle, et je crois que l'auteur est un homme, mais elle semble la vivre, ce n'est plus une chanson, dents serrées elle nous foudroie :

Tu es sûr que c'est moi que tu voulais appeler ? Tu n'as pas fait un faux numéro ? Tout le monde , depuis longtemps, sait à quoi s'en tenir sur toi. Est-ce pour ça que tu me rappelles après toutes ces années ? Tu dois vraiment être à court d'idiotes naïves. Quand tu m'as quittée ton adieu était froid comme la glace. Tu ne t'es pas soucié de mes larmes. Et maintenant tu voudrais me refaire le coup ? Je suppose que tu es retombé sur mon nom dans ton petit carnet noir. Je parie que tu ne sais même plus à quoi je ressemble. Tu sais quoi ? Parle si ça te chante, paie-toi une tranche de baratin, pour la pièce de monnaie que tu as glissée dans l'appareil, et je vais juste te raccrocher au nez. Cette fois tu ne m'atteindras pas. Tu devais vraiment être en panne d'idiotes, de pauvres cruches comme moi...

Plus tard elle a donné d'autres versions, mais sans retrouver cette intensité. En se lâchant, en force, avec l'aisance de quelqu'un qui a tout démontré, tout prouvé...et qui est parvenu au-dessus de la chanson au lieu de ne faire qu'une avec elle.

Un jour, sans prévenir, le film avait disparu : quelqu'un possédait les droits de cette captation. C'est la vie, you never can tell. Le propriétaire peut renfermer l'oeuvre dans son coffre-fort. Je ne l'ai retrouvée dans aucun disque. On ne peut plus voir et écouter Aretha dans sa meilleure version de Running Out of Fools, et je me traite de fou de ne pas l'avoir copiée,

d'avoir cru qu'elle serait toujours là pour moi.