Rust never Sleep est certainement un des albums de Neil Young qui a le plus participé à forger sa légende. Très adroit,Neil a su épouser son époque: Il savait mieux que personne prendre le pouls des mouvements qui traversaient alors la société. Cet album est la démonstration d'un montage habile, une réussite parfaitement orchestrée.


La forme d'abord, un "Live" mais... sans la participation du public! Sauf à la toute fin de l'album, les photos présentes sur la pochette crédibiliseront la situation. Malgré tout, deux titres ont été néanmoins enregistrés en studio, "Pocahontas " et "Sail away" qui terminent la première face, vouée exclusivement aux titres acoustiques. La seconde, en compagnie du Crasy, est entièrement électrique. Deux styles différents sur le même album, pour d'autres le pari aurait pu être risqué mais pour Neil la formule est gagnante: l'album sera ovationné par le public et la critique à sa sortie.


L'album commence et se termine avec le même titre, mais sous deux formes différentes. "My,My,Hey,Hey (out of the blue)" ouvre l'album, Neil la guitare acoustique à la main, et "Hey,Hey,My, My (Into the black)" termine la face deux de façon lumineuse et incandescente, impossible de résister à cette furie électrique qui deviendra un passage obligé lors des concerts du loner. Il faut également s'intéresser au message véhiculé par la chanson, un message tout d'abord universel: "Rock'n Roll never die," mais aussi ces mots désabusés, revendiqués alors par une partie de son public qui se regroupe sous la bannière "Punk" : « It’s better to burn out than fade away » (Mieux vaut exploser en vol que s'éteindre à petit feu" ) , ces mots qui seront repris par Kurt Cobain dans sa lettre d'adieu. "La rouille ne dort jamais" disait le titre de l'album et l'homme ne peut que subir la fatalité du temps qui passe, seul le tragique peut le rendre de façon illusoire maître du temps. Le message sera compris, le public adhère et acclame celui qui a su mettre les mots sur le désarroi qui traverse la jeunesse.


A la suite de ce titre d'exception la première face est composée de jolies pièces comme Neil sait le faire, les compos sont très réussies, avec de temps à autres quelques accents country. Sur "Pocahontas" Neil se souvient que du sang Indien coule dans ses veines et proteste contre le traitement des Indiens d'Amérique dans certains films réactionnaires à Hollywood.


La face deux est ma préférée, elle s'ouvre par l'un des titres les plus joués en live, "Powderfinger" qui contient un superbe solo de guitare de la part du Loner. "Welfare Mothers" et ses riffs électrise encore plus l'ambiance. On remarque aussi « Sedan Delivery », à l'origine écrit pour Lynyrd Skynyrd mais leur accident d'avion les a empêché d'enregistrer le titre.


Un album à écouter, bien évidemment, mais à titre personnel, quitte à commettre un crime de lèse-majesté ou une faute de goût, je lui préfère encore "Live Rust" sorti la même année (1979).

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le 4 mars 2016

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