Magnum et moi, c'est d'abord l'histoire d'une passion, d'un amour fou dont je n'arrive pas à me défaire (et dont j'espère ne jamais me séparer, bien entendu). D'ailleurs, On a Storyteller's Night, Vigilante — que je vais peut-être revoir encore plus à la hausse prochainement — ou encore Chase the Dragon font partie de mes albums préférés tous styles confondus. Et pourtant, Dieu sait que, globalement, le rock mélodique/adult oriented rock n'est pas vraiment ce qu'il y a de plus folichon en terme de créativité musicale. Mais comme je l'ai déjà dit dans ma critique d'On a Storyteller's Night, Magnum s'écarte tellement des gimmicks arena rock de toute la "kitscherie Toto-esque" de stade qu'il en devient étonnamment l'un des groupes, si ce n'est LE groupe le plus atypique de toute la branche AOR... terme qui serait limite insultant pour qualifier un groupe aussi grandiose que Magnum. Il faut dire que la voix de Bob Catley joue beaucoup avec son timbre unique digne d'un conteur de fantasy assis au coin du feu d'un vieux chalet perdu dans les bois... ouais, la pochette d'On a Storyteller's Night, en gros : elle illustre parfaitement ce que Magnum est depuis 1978... si je ne dis pas de bêtises...


Enfin ça, c'était surtout vrai jusqu'à Princess Alice and the Broken Arrow inclus parce que bon, si malgré son âge Magnum tient encore la route, les membres ne sont plus tous jeunes non plus. Et cela se ressent un peu dans ce Sacred Blood "Divine" Lies : la voix de Bob est par comparaison un chouïa moins berçante et poignante que dans Escape from the Shadow Garden sorti deux ans plus tôt. Cela dit, si les chants ont perdu ce petit côté "théâtral" qui me plaisait tant, on a toutefois gagné en dynamique d'une façon générale. Ainsi, les morceaux prennent une tournure plus épique par rapport à la plupart des albums post-2000. Nonobstant la production ultra clean qui m'avait quelque peu rebuté lors de l'écoute des premiers extraits, il faut quand même avouer que l'album offre des moments musicaux assez éblouissants.


Affraid of the Night et son rythme catchy au synthé (toujours mené par l'incroyable Mark Stanway... il faut vraiment qu'ils le gardent jusqu'à la fin ce gugusse !), Gypsy Queen et sa couleur "so 80" qui rappellera les meilleurs moments de l'histoire du groupe... si lors de ma première écoute je fus assez mitigé, là je suis forcé de reconnaître, après une réécoute plus attentive, que Magnum a fait fort. Accessoirement — et ça me surprendra décidément toujours — , Sacred Blood "Divine" Lies confirme une fois encore que dès que Rodney Matthews sort les pinceaux, cela donne pratiquement tout le temps une pépite autant visuelle (la pochette : magnifique !) qu'auditive.


Encore une fois, je préfère insister sur le fait que j'ai d'abord été terriblement déçu autant par les extraits promotionnels que par une première écoute manquant d'implication de ma part... mais je reviendrai sur ce point un peu plus loin. Pour faire simple et pour être franc, je redoutais carrément venir l'énième fiasco métallique comme l'ont été le dernier Iron Maiden (groupe que je n'arrive plus trop à apprécier, donc au pire...) ou le dernier Praying Mantis que j'ai détesté (quand je pense que jadis ils pondaient l'excellent Time Tells No Lies... il est loin le génie créatif d'antan...) ; la (non)qualité de ces deux albums venant étayer mon point de vue comme quoi le temps des productions trop propres était révolu et que l'heure des sons numériques et analogiques trop beaux, trop parfaits volontairement salis allait arriver incessamment sous peu avant que l'on retourne vers des productions plus undergrounds... Michel Geiss, sort de ce corps...


Mais bref, Magnum esquive l'échec parce que les britanniques ont compris que tout n'était pas qu'une histoire de mixage dans la vie et qu'un son propre se devait de trouver une excuse à sa "perfection". En fin de compte, Sacred Blood "Divine" Lies confirme que Magnum est définitivement l'un des plus grands groupes œuvrant dans un style mélodique relativement accessible, certes... mais non dénué d'intérêt : loin de là. Plus haut je parlais d'"attention" : Sacred Blood "Divine" Lies est en effet l'un des albums du groupe qui demande le plus à être écouté dans sa totalité et qui n'épargnera peut-être pas toujours l'écoute de titres de façon éparse. Voilà ce qui serait selon moi le principal défaut du disque.


Mais finalement, le groupe, du haut de ses 18 ou 19 albums, je ne sais plus, montre surtout qu'il a encore de la réserve pour les années à venir. Tant mieux après tout, non ?

sigmaln
8
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le 26 févr. 2016

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