Evénement majeur pour le black underground s’il en est que ce split, réunissant quatre groupes qui ont déjà été présentés dans nos pages, tous pour des albums plus que convaincants, chacun dans un style lui étant bien propre.


On commence par Thy Darkened Shade, pour qui j’avais déjà eu l’occasion d’écrire le bien que je pensais de leur second album (2014). Un groupe grec qui n’appartient pas, c’est bon à préciser, à la scène hellène proprement dite, mais qui s’inspire davantage du black dit orthodoxe pour sa base, tout en développant une musique passablement plus sophistiquée, technique et ambitieuse de son côté. Et c’est effectivement le cas avec leur partie, quatre morceaux dont une superbe intro instrumentale et une outro ritualiste pour démarrer en beauté avec un black metal complexe, fouillé, voire labyrinthique avec une versatilité vocale, rythmique et riffique, très dense et construit sur la longueur. Une première partie qui met la barre assez haut pour ce qui va suivre, dans une tendance occulte qui sera de mise sur l’ensemble du split.


L’excellent Amestigon prend le relais. Le groupe autrichien vous déjà été présenté par Mythos, avec leur excellent Thier, qui fait sans doute partie des albums majeurs de black moderne (empreint de classicisme) de ces dernières années. Moins véloce et frénétique que son prédécesseur, Amestigon livre un black immersif, subtil et tout aussi complexe. Le premier morceau met clairement l’eau à la bouche, avec son démarrage mid tempo qui s’étire sur cinq minutes avant d’accélérer le tempo et de durcir le ton. Chacun joue admirablement bien sa partie, mention spéciale pour les superbes lignes de basse en toile de fond, chose suffisamment rare en black pour être signalée. Le groupe autrichien livre aussi sa plage instrumentale, très ambient et bruitiste. Leur troisième titre fait figure d’apothéose et culmine à presque treize minutes, avec une progression remarquablement construite, alternant mid/doom et up tempo tout en fluidité et avec un travail mélodique (y compris le très beau solo) très poussé. A la hauteur de ce qu’on pouvait attendre de cette formation essentielle.


Inconcessus Lux Lucis démarre sur une intro épique, limite grandiloquente, mais de mise vu ce qui a précédé. Ce qui contraste d’autant plus avec sa patte plus thrashy et immédiate, sa production plus organique, qu’on lui connaissait déjà. Un black thrashisant plus épuré, mais bien efficace. Leur plage instrumentale, en guitare claire, est superbe, d’une certaine complexité mélodique, ce qui fait écho aux deux groupes d’avant. Leur style me rappelle ici énormément celui d’Absu, notamment sur Liminal Terror. L’outro se situe dans la tendance occulte qui est le fil rouge de ce split.


Shaarimoth, groupe norvégien déjà présenté par Mythos et que je connais le moins des quatre, a aussi une personnalité bien trempée. Le chant est plus rauque, plus death (l’orientation du groupe à ses débuts), avec un riffing bien black metal à base de trémolo aigus et d’arpèges. Plutôt que d’isoler des plages d’intro, outro et interlude instrumental, Shaarimoth les a intégrées à ses compos, ce qui explique en partie la longueur des morceaux (six, neuf et onze minutes respectivement). Le groupe est très à l’aise dans le mid/doom tempo et s’en donne à cœur joie. Leur approche du black est résolument moderne, car ils n’ont pas peur de mettre des samples et des sons électroniques, peu orthodoxes de nature. Leur partie s’intègre très bien au reste pour autant.


S’il fallait un split de l’année pour 2021, ce serait certainement celui-ci. Un incontournable pour les fans de black progressiste et ambitieux, représenté par les chefs de file, chacun dans sa sphère propre.


Retrouvez cette chronique sur le webzine auxportesdumetal.com

Man_Gaut
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 21 juil. 2024

Critique lue 5 fois

Man Gaut

Écrit par

Critique lue 5 fois

Du même critique

Stare Into Death and Be Still
Man_Gaut
9

"Drawn Into The Next Void"

Ayant négligé lâchement leur album de 2016, sans doute par paresse intellectuelle, j'étais pour autant resté sur une excellente impression d'Ulcerate avec le duo incontournable Destroyers Of...

le 1 mai 2020

11 j'aime

3

Exuvia
Man_Gaut
9

"Towards Malkia"

Depuis la sortie de Blood Vaults, j'ai eu l'occasion de voir le groupe d'Alexander von Meilenwald en concert et The Ruins Of Beverast (TROB) s'avère particulièrement brillant dans l'exercice, les...

le 22 oct. 2017

9 j'aime

5

Cursus Impasse: The Pendlomic Vows
Man_Gaut
9

"The Apocryphalic Wick"

Ces gros tarés de Howls Of Ebb ont encore pondu une aberration musicale cette année… pour notre plus grand plaisir. C’est un groupe que je suis ravi d’avoir découvert avec sa première sortie, déjà...

le 24 juin 2016

9 j'aime

2