Sinistro, après une tournée dantesque en 2017 auprès de grands noms (Paradise Lost notamment), se devait de battre le fer pendant qu’il était encore chaud. D’où la sortie de Sangue Cássia, moins de deux ans après le magnifique Semente.
Les portugais se veulent ici plus monolithiques, en axant tout sur un son doom calibré et des architectures de morceaux d’apparence moins aventureuses que sur leurs essais précédents. Mais attention, le diable se cache dans les détails : le sel de Sangue Cássia est ailleurs, dans des arrangements de claviers vénéneux, toile de fond brumeuse et inquiétante, qui révèlent petit à petit le travail méticuleux des autres musiciens. C’est à dire que dans le doom, chaque note compte, et la lenteur ne doit pas y être seulement vectrice de pesanteur sous peine de se confondre avec une formule.
Mais chez Sinistro, le genre est avant tout l’exploration d’une nouvelle forme de beauté, un peu morbide, soit, mais où l’apocalypse et les histoires d’ogres sont au placard, au profit d’explosions émotionnelles, souvent provoquées par la voix possédée de Patricia Andrade.