Traum und Existenz par François Lam

Surprenante cette association entre Rebeka Warrior et Vitalic ? Pas franchement, et à bien des égards. D’abord, Rebeka Warrior est une familière du monde de la techno avec Sexy Sushi depuis des années. Ensuite les deux artistes se sont déjà rencontrés sur le dernier bon album de Vitalic, soit Rave Age (2012) avec « La mort sur le dancefloor ». Enfin, comme Sexy Sushi, – dont on n’est sans nouvelles depuis 2013 – commençait, au même titre que Vitalic, à tourner en rond, les deux artistes avaient tout intérêt à ouvrir leurs univers respectifs. En somme, il y avait plutôt matière à espérer de ce mini super groupe.

La bonne nouvelle, c’est que Traum und existenz fait le job : par moments assez radicale (« Auf immer und ewig »), à d’autres extrêmement sensuelle (« Niemand »), la techno de Kompromat a le mérite de l’efficacité, et tient son fil rouge d’une musique caverneuse et blafarde. La moins bonne nouvelle, c’est que le duo se « contente » de faire le job. Ce n’est pas le chant en allemand qui révolutionne la technique et les habitudes de Rebeka Warrior ; quant à Pascal Arbez-Nicolas, il évolue comme un poisson dans l’eau dans un registre qu’il connaît par coeur ; sans doute trop désormais. Et on peut regretter que ces deux teufeurs d’expérience n’aient pas profité de leur folie douce mutuelle pour ne pas se mettre un peu plus en danger.

Warrior avait sans doute moins à prouver puisqu’elle officie déjà dans deux projets aux antipodes, entre Sexy Sushi et la folk moderne de Mansfield TYA. Mais sa présence aurait sans doute du pousser la techno de Vitalic dans des contrées jusque là inexplorées par Arbez-Nicolas (comme sur les planants « Possession » et « Das Konterfei » par exemple, ou vers une électro-punk plus déglinguée, comme pouvait l’être Crystal Castles à ses débuts). C’est le bémol d’un disque plaisant mais qui ne choisit jamais entre la face nord (plus de risques) et la promenade de santé qui pointe son nez ci et là. Kompromat comme compromis ?