En transe
Voici dans quel état d'esprit je me trouve en écoutant cette galette. Une transe tantôt aérienne (You appearing, Skin of the night), abyssal (dans le bon sens du terme avec Midnight Souls Still...
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le 9 nov. 2013
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Et si depuis le début, tout reposait sur une série de malentendus ? Entrant dans la danse avec un disque d'electronica très germanique en 2001, le duo M83 a vraiment été révélé au grand public (surtout outre atlantique) par son deuxième opus, le superbe Dead Cities, Red Seas And Lost Ghosts, immédiatement rapproché du courant shoegaze, et en particulier de My Bloody Valentine. Mouais.
D'une part, l'évocation de Slowdive aurait été plus juste (pour le côté pop direct), d'autre part, la musique du duo antibois était alors déjà beaucoup trop personnelle pour qu'on la rapproche d'un courant précis. On aurait tout aussi bien pu évoquer un Jean-Michel Jarre bruitiste, ça nous aurait fait une belle jambe...
Bataille d'étiquettes de toute façon vaine, puisque deux ans plus tard, Anthony Gonzales, séparé en douceur de son acolyte pour divergences artistiques, (mais mon petit doigt me dit que le monsieur aime être seul aux commandes), calme tout le monde avec un disque beaucoup plus propre : Before The Dawn Heals Us, avec ses choeurs d'enfants et ses nappes de synthé baroques, affole certains fans de la première heure, qui sentent l'ombre des eighties se pointer de manière beaucoup trop ostentatoire ; cela en dépit de l'apparition d'une section rythmique organique ultra puissante.
Mais à l'époque Gonzales s'en fout. Si la France ne veut pas/plus de lui, il sait qu'à l'Ouest on est un petit peu moins coincé, et qu'il y a une reconnaissance déjà gigantesque, tant du point de vue critique que public.
C'est alors que survient le nouveau contre pied : le français enfonce le clou new-age, mais cette fois ci du côté planant de la Force, façon Eno et consors (si tant est qu'on puisse rapprocher l'entreprise de quelque chose). Trip intense et zen, Digital Shades Vol. 1 est une oeuvre ambitieuse et aboutie, qui ne cède à aucun compromis commercial.
D'où la surprise Saturdays = Youth, qui oublie l'aspect instrumental qui dominait jusqu'alors dans la musique d'M83, et met définitivement de côté le bruit blanc. Que reste-t-il alors ? Ben des chansons des années 80 pardi !!
Voix à la Kate Bush, synthés sucrés et guitares synthétiques sont donc au programme. Les dents peuvent grincer, les nausées remonter, mais qu'en est-il vraiment ?
Déjà Anthony Gonzales évite la vulgarité (ce qu'il ne réussira pas deux fois). Et s'il la touche parfois de prêt (le très limite "Kim And Jessie", qui n'est parfois pas sans rappeler le générique d'Arnold Et Willy, ou le dégoulinant "Up!", indéfendable), le français nous sort tout de même quelques morceaux de bravoure, puissants sans être pompiers ("You, Appearing" qui ouvre le disque, l'hommage fidèle et réussi aux eighties qu'est "Skin Of The Night", ou encore le grandiose et technoïde "Couleurs", ainsi que "We Own The Sky" et "Too Late", littéralement lunaires.
Pour le reste, Saturdays = Youth est somme toute assez convenu sans être mauvais. Aussi, on préférera les vagues mélancoliques d'un Digital Shades Vol. 1 aux "Highway Of Endless Dreams" et autre "Midnight Souls Still Remain" (joli mais interminable, soyons francs), ou le tranchant pop de Before The Dawn Heals Us aux un peu mous "Graveyard Girl" ou "Dark Moves Of Love".
Le grand écart entre le premier album éponyme et ce LP est définitif, et on ne saurait qu'être admiratif devant le chemin parcouru en seulement quatre disques.
Mais Saturdays = Youth s'est révélé aussi dangereux qu'il paraissait. Car si jusqu'à ce disque, le français feignait de donner le bâton pour se faire battre, c'était pour mieux se rendre insaisissable, il est depuis passé du mauvais côté de la frontière entre hommage et pâle copie, sans grand espoir de retour.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes (re)découvert en 2022 et Les meilleurs albums de M83
Créée
le 28 août 2018
Critique lue 171 fois
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