Saviors
6.3
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Album de Green Day (2024)

Enfin une bombe sur mon rock 'n' roll

Ça fait un moment que Green Day, malgré mon adoration pour le groupe, c'était devenu compliqué. J'aime beaucoup les albums sortis depuis 21st Century Breakdown, mais il faut bien avouer qu'il y avait des problèmes qui n'étaient pas présents sur les albums précédents du groupe et je mets évidemment leurs opus pré-Dookie à part : des problèmes de production.


Sur la trilogie le son manquait de puissance et la voix de Billie Joe avait un delay permanent un peu désagréable, sur Revolution Radio le son était au contraire trop gonflé à bloc et c'était fatiguant à la longue. Et enfin sur Father of All c'était un son très actuel avec une voix encore trop polluée par les filtres. Les morceaux étaient très éparpillés et la direction artistique de cet album c'était tout simplement de partir dans tous les sens, ce qui est un peu frustrant pour un disque qui doit par définition avoir une forme de cohérence, même quand on s'appelle Green Day et qu'on prétend faire du Punk. Et encore une fois j'aime tous ces albums que j'ai cité, mais ils avaient du mal à faire bloc dans mon esprit, à l'exception peut-être de ¡Dos! où on semblait suivre une fête qui se déroule, entre amour naissant, nostalgie et euphorie.


Les singles sortis après Father of All n'annonçaient aucune direction non plus. Il y a eu deux reprises assez inintéressantes (du Blondie et du Kiss), Holy Toledo qui faisait très comédie musicale, Here Comes the Shock qui était effroyablement lambda avec un clip abominable et Pollyanna qui ressemblait à un titre laissé de côté pendant l'enregistrement de la trilogie. Il manquait quelque chose et je n'attendais plus rien du groupe. Après tout ils avaient bien le droit de commencer à fatiguer après 30 ans de carrière, ça arrive.


Et puis survient soudainement l'annonce de cet album qui augure un retour à tout ce qu'on aimait chez Green Day entre la fin des années 90 et la fin des années 2000 : des hymnes Pop-Rock avec des textes qui alternent entre les histoires d'amour d'ados et des messages politiques très simples mais grisants lorsqu'ils sont balancés avec des grosses guitares et une belle mélodie.


Billie Joe pousse sa voix dans ses derniers retranchements sur pas mal de morceaux et même si le groupe ne va pas révolutionner la musique à coup de suites d'accords inédites, les rythmes sont variés et les mélodies qui les accompagnent changent un peu. Il y a à la fois une patte Green Day et un côté rock qui happe immédiatement l'auditeur.


Il y a des morceaux simples comme The American Dream Is Killing Me, Look Ma, No Brains et 1981 où le groupe utilise des recettes qui ont déjà marché par le passé. On ne saurait pas dire si ce sont des compos qui datent des pérodes d'American Idiot, de Nimrod. ou de la trilogie, mais c'est du Green Day pur jus et c'est immédiatement satisfaisant.


Le changement de tonalité sur le dernier refrain de Goodnight Adeline, je ne l'avais pas vu venir parce que je pensais que le morceau était déjà assez haut comme ça, mais c'est très plaisant. Coma City c'est pile le genre d'hymne rock qu'on ne fait plus trop de nos jours, c'est épique et énergique. Il y a même la basse qui fait un peu monter la sauce vers les deux-tiers du morceau. Corvette Summer avec sa cloche sur le refrain je trouve ça hyper frais aussi pour du Green Day.


Il y a quelques faux pas comme ce réchauffé de Horseshoes and Handgrenades (Living in the 20's) ou encore One Eyed Bastard où la voix de Billie Joe est un peu trop lisse. De plus ce morceau a le malheur d'être une resucée un peu bizarre de Dis-moi des BB Brunes et d'un riff descendant dont le style a été maintes fois exploité par le passé (on le retrouve chez Deep Purple mais aussi sur So What de P!nk). Ces morceaux restent cool, mais ils marchent un peu moins sur moi que le reste de l'album.


La production laisse beaucoup de place à la basse et Mike Dirnt sort enfin de sa mauvaise habitude qui consistait à suivre bêtement les fondamentales des accords de guitare jusqu'à l'épuisement. Ça faisait un moment qu'on avait plus ça avec la musique de Green Day.


Le disque aborde des thèmes personnels qui peuvent parler à tout le monde : l'addiction avec Dilemma, la période actuelle avec Strange Days Are Here to Stay ou The American Dream Is Killing Me, la paternité avec Father to a Son, il y a tout plein de choses à grappiller ici et là.


Le sommet de l'album est pour moi une ballade nostalgique assez simple comme Green Day a toujours su en faire. Quelle beauté ce Suzie Chapstick quand même... Ça a immédiatement touché ma corde sensible.


C'est exactement ce que je peux attendre d'un album Rock finalement. C'est génial tout ce terreau d'artistes indés actuels qui expérimentent avec toutes les sonorités possibles et imaginables, on est dans une époque où l'inventivité est loin d'être morte et il faut s'en réjouir. Mais des fois j'ai juste envie de quelque chose de simple et efficace qui me touche, et c'est pile ce que cet album fait.

GuillaumeL666
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le 19 janv. 2024

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Guillaume L.

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