Risqué et parfaitement exécuté.
SAWAYAMA est le premier album studio de la chanteuse/compositrice/modèle Rina Sawayama. Née au Japon et élevée en Angleterre au milieu des années 90, une grande partie de sa vie antérieure s'est...
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le 12 mai 2021
SAWAYAMA est le premier album studio de la chanteuse/compositrice/modèle Rina Sawayama. Née au Japon et élevée en Angleterre au milieu des années 90, une grande partie de sa vie antérieure s'est passée entre Londres et Tokyo.
Sa première sortie significative date de 2017, un EP, "RINA". Un projet produit par Clarence Clarity, que l'on retrouve sur cet album, qui n'était rien de moins qu'une petite vitrine de sa gamme vocale, de ses visions créatives et de son attitude faussement légère. L'introduction idéale à son premier album, "SAWAYAMA", qui repose sur des pièces du passé, à la fois pop culturelles et personnelles. De la Pop Rock qui sonne si parfaitement futuriste et rétro en même temps, c'est cette nouvelle vague ressentie ces dernières années avec des artistes comme Charlie XCX ou Dua Lipa mais Rina a quelque chose en plus. Une voix forte, dans tous les sens du terme ainsi que des paroles franches et parfois finement aiguisées et une palette sonore kaléidoscopique très osée.
Sawayama prend un départ très grand et audacieux d'une manière que seule Rina est capable de faire avec le morceau d'ouverture "Dynasty". Un début R&B acoustique lent qui ne va pas être discret longtemps, 1 minute et le titre se transforme en une sorte de morceau Alt-Metal Pop des années 90. J'ai pensé évidemment à Evanescence ou cet horrible duo qu'était tAtU. Bouche bée, circonspect, ça fonctionne étonnement.
"XS" et "STFU!" qui suivent sont 2 chansons toutes aussi ambitieuses. La première, qui parle de vouloir un peu trop en termes de richesse, de renommée et d'opulence quand la réussite est là, propose un R&B très 2000 style Christina Aguilera interrompu par des riffs de guitare métal grimpants suintants qui vous mettent complètement au dépourvu. La magie opère.
Dans le cas de "STFU!", le métal agressif est le principal moteur esthétique. La production de Clarity ici est composée d'un mélange assez effronté de nu-metal et de j-pop qui se combinent pour créer un banger à l'ancienne totalement enivrant. Rina profite de cette occasion pour s'en prendre aux ignorants à cause des innombrables micro-agressions auxquelles elle est soumise.
On se dirige vers le club avec "Comme Des Garçons (Like The Boys)". Le beat nous permettant de danser avec sa ligne de basse groovy et ses "Woooo!" joyeux intermittents, c'est agréablement dance-floor.
Clôturant la première moitié de l'album, "Akasaka Sad" et "Paradisin" continuent dans un sens expérimental. Le 1 er titre semble écrit pour Justin Timberlake, mais la piste est loin d'être une copie générique d'un tube du début des années 90. Sawayama s'appuie sur sa propre expérience - à savoir le lien qu'elle a avec ses parents à travers la distance qu'elle ressent avec le Japon.
Sur "Paradisin", elle adopte une approche beaucoup plus simple et nostalgique, continuant à retenir notre attention avec une ambiance géniale et euphorique plus rapide de style bande-son de jeu vidéo.
Si "Love Me 4 Me" n'était pas aussi bien produit, les paroles pourraient sembler fantaisistes avec une ligne qui semble avoir été dite un million de fois “You wanna love me for me, If I made it, I made it easy”. Mais heureusement, la confiance que Sawayama apporte à ce rythme groovy au refrain pop classique apporte un sentiment d'authenticité.
Cette seconde moitié de l'album n'a pas tt à fait le punch de la première mais elle reste très bien produite et surtout, les paroles sont un vrai contraste avec l'ambiance Pop. "Bad Friend", qui parle des relations qu'elle n'a pas réussi à faire fonctionner, en est le parfait exemple.
"F*ck This World" est le seul titre où la magie n'opère pas du tout, pas grave "Who's Gonna Save U Now?", qui utilise des extraits d'une foule pour lui donner une sensation live, vient saisir l'auditeur par le col. Putain, encore une fois ça fonctionne à merveille, donnant l'impression d'une chanson vivante tout en conservant le poli d'un enregistrement studio. Un magnifique mélange de perfection technique et d'ambiance live.
"Tokyo Love Hotel" a un son Disco-Pop très glamour c'est très doux et mignon. un peu trop peut-être.
"Chosen Family" est un hymne puissant à la communauté LGBT, Rina est dans l'intimité et l'introspection et la clôture "Snakeskin" est une sorte d'EDM-POP finalement assez sombre dans son message.
En résumé, cet album est brillant, car il avait les ingrédients pour se casser la gueule, agacer l'auditeur mais le contraire s'est produit.
RINA SAWAYAMA parvient d'une manière ou d'une autre à faire en sorte que l'album ne se sente jamais lourd ou épuisant alors qu'elle y incorpore tellement de styles et de thèmes différents, transmettant ses messages de manière vraiment originale et convaincante.
Sortir un album risqué parfaitement exécuté n'est pas un petit exploit.
C'est un tour de force pour un premier LP.
7/10
Créée
le 12 mai 2021
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