Grand activiste de la scène metal extrême grecque dès ses balbutiements dans les années 80, George Zacharopoulos dit The Magus reste associé principalement à son projet Necromantia, fondé avec Makis Baron Blood en 1989 suite à la disparition de Necromancy.


Dès ses premières sorties, Necromantia se démarque de tout ce qui pouvait se faire à l’époque en livrant un black metal profondément occulte et atmosphérique, initialement sans se focaliser sur des riffs accrocheurs au profit d’un climat sombre et habité qui montrait toute la dévotion du combo aux forces obscures.
Malgré un certain amateurisme, le groupe faisait déjà montre d’une forte identité dès ses débuts. Leur signature sonore, ils la doivent en grande partie au choix qu’ils firent de ne pas inclure de guitare rythmique dans leur propos : en effet, The Magus et Baron Blood sont en fait deux bassistes, le premier classiquement rythmique et le second faisant office de guitariste avec à la place une basse huit cordes fortement saturée.


Sur leur premier album, Crossing The Fiery Path (1993), se dégageaient des éléments épiques, limite symphoniques et une dimension cinématique assortis aux thèmes mythologiques, mystiques et occultes que Necromantia affectionnait.
Ce premier jet montre déjà un certain génie de composition, mais tend à s’éparpiller tout en manquant d’une réelle accroche, malgré une certaine maîtrise dans l’exécution et le travail de production.


Scarlet... corrige en quelque sorte le tir en amenant de l’efficacité à leur musique sans perdre en musicalité : dans un style très wagnérien (l’intro du second Pretender To The Throne parle d’elle-même), Necromantia pond des riffs au son caractéristique et indéniablement mémorables sur des morceaux comme Devilskin, Black Mirror ou le presque morceau titre, secondés par un clavier atmosphérique qui souligne la mélodie de manière tout à fait pertinente.
La batterie, complètement en retrait, est jouée par Fotis Benardo (toujours chez Necromantia et également chez Septicflesh).
Un autre élément particulier chez Necromantia, le saxophone qui fait une apparition brève mais remarquée sur le morceau The Arcane Light Of Hecate, un interlude sombre et imposant et aux atmosphères versatiles.


Comme de coutume, les paroles d’un des morceaux ont été écrites par une personne extérieure au groupe : après les poètes Charles Baudelaire et Émile Verhaeren, c’est Andrea Meyer (ex-femme de Samoth [ex-Emperor], auteur de nouvelles, romans graphiques et ouvrages sur l’occultisme et le paganisme) qui est créditée pour The Arcane… Choix judicieux, vu les centres d’intérêt de la dame en question.


A l’époque de la sortie de ce disque, The Magus venait de quitter Rotting Christ, dans lequel il officiait en tant que claviériste, suite à l’orientation plus gothique décidée par les frères Tolis ; il demeure néanmoins proche de Sakis par le biais de leur projet commun, Thou Art Lord.
The Magus a ceci d’admirable qu’il a toujours réussi à mener de front plusieurs projets dans des styles très différents, sans qu’il y ait de redondance. On citera à ce titre son association avec Mika Luttinen (Impaled Nazarene) pour le projet metal indus Diabolos Rising/Raism, contemporain de ceux précités.


Je demeure admiratif de Necromantia pour l’ensemble de leur œuvre, d’une qualité variable d’une sortie à l’autre mais conservant toujours cette très forte personnalité qui a fait d’eux des ténors au sein de la scène extrême grecque, pourtant prolifique et de qualité.
A l’instar de groupes comme Deinonychus, Mortuary Drape ou Master’s Hammer, Necromantia a su évoluer dans sa propre sphère black metal, conscient de son héritage tout en développant des subtilités inédites avec un style aussi inimitable qu’élaboré.


Retrouvez cette chronique sur le webzine auxportesdumetal.com

Man_Gaut
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs albums de black metal

Créée

le 1 nov. 2015

Critique lue 90 fois

1 j'aime

Man Gaut

Écrit par

Critique lue 90 fois

1

Du même critique

Stare Into Death and Be Still
Man_Gaut
9

"Drawn Into The Next Void"

Ayant négligé lâchement leur album de 2016, sans doute par paresse intellectuelle, j'étais pour autant resté sur une excellente impression d'Ulcerate avec le duo incontournable Destroyers Of...

le 1 mai 2020

11 j'aime

3

Exuvia
Man_Gaut
9

"Towards Malkia"

Depuis la sortie de Blood Vaults, j'ai eu l'occasion de voir le groupe d'Alexander von Meilenwald en concert et The Ruins Of Beverast (TROB) s'avère particulièrement brillant dans l'exercice, les...

le 22 oct. 2017

9 j'aime

5

Cursus Impasse: The Pendlomic Vows
Man_Gaut
9

"The Apocryphalic Wick"

Ces gros tarés de Howls Of Ebb ont encore pondu une aberration musicale cette année… pour notre plus grand plaisir. C’est un groupe que je suis ravi d’avoir découvert avec sa première sortie, déjà...

le 24 juin 2016

9 j'aime

2