Schrei par Dulcis_Victoria
Depuis que Tokio Hotel a commencé à percer, il a toujours été facile de leur taper dessus à cause de leur aspect "commercial". Bon, force est d'admettre que c'était justifié : le guitariste semblait ne pas connaître plus de trois accords, le chanteur avait un palmier sur le crâne et se maquillait comme un panda pour que sa voix androgyne aille avec son physique, les thèmes abordés dans les chansons étaient aussi immatures que les instrumentaux afin de plaire aux ados qui s'y identifieraient (divorce, rébellion, amour, etc.), plusieurs chansons sont ressorties en anglais afin d'être plus abordables par le grand public, donc plus vendables, et je ne parle pas de l'aspect prétentieux qui se dégageait de tout ça...
Cependant, soyons objectif ne serait-ce qu'une seconde : toutes les chansons n'étaient pas fondamentalement mauvaises.
Bien sûr, j'en ai conscience, la musicalité de l'album "Schrei" souffre beaucoup de sa pauvreté et de sa répétitivité ainsi que de son chant braillard et souvent faux. Mais certains éléments auraient pu être meilleurs.
Allez, je fais un petit track-by-track, histoire de donner un avis précis sur chaque titre.
Schrei : beaucoup de gens ont probablement découvert l'album avec cet insupportable hymne à la rébellion aussi convaincant qu'un morceau des Enfoirés ; moi-même j'ai eu l'impression qu'à la fin, Bill hurlait parce qu'il s'était coincé les doigts dans une porte.
Durch den Monsun : perso, c'est avec la version anglaise de cette chanson que j'ai découvert l'album. Au début, on trouve la chanson mignonne, puis à force, on se rend compte qu'elle est d'une niaiserie rarement égalée.
Leb' die Sekunde : ultra-banale. Une énième leçon de morale comme quoi il faut profiter de la vie, carpe diem et tout ça... À défaut de la détester, elle me laisse indifférente.
Rette mich : ah bah quand même, enfin une chanson qui tient un peu la route ! Larmoyante, certes, mais au moins elle dégage quelque chose.
Freunde bleiben : sonorités débiles faisant penser à une comptine et thème qui ravira les gamines qui se disputent avec leur besta (mot qui au passage signifie "stupide" en portugais).
Ich bin nich' ich : allons bon, encore une chanson larmoyante qui parle d'un amour déçu... Sauf que cette fois, ça braille pour faire croire que c'est énervé. Ça marche pas.
Wenn nichts mehr geht : les paroles sont plutôt jolies, mais l'amateurisme de l'interprétation gâche le potentiel.
Lass uns hier raus : paroles prétentieuses et mélodie énervante. Rien à sauver.
Gegen meinen Willen : eh ouais, mais que veux-tu, tu peux pas donner ton avis quand tes parents divorcent, hein. Bon, je t'ai mis 4 parce que c'est un peu plus vivant que le reste, mais comme d'habitude, c'est trop amateur.
Jung und nicht mehr jugendfrei : interdits aux mineurs ? Eh bah dites donc, je savais pas que vos chansons avaient un contenu pornographique !
Der letzte Tag : bof. Mignonnette mais ennuyeuse. Indifférence totale.
Unendlichkeit : le titre se traduit par "infini"... En effet, je ne trouve pas d'autre mot pour décrire l'ennui ressenti à l'écoute de ce titre aussi mou qu'un escargot asthmatique et aussi plat qu'une planche à pain.
Beichte : je lui ai mis 4 parce qu'elle me fait délirer. Ça fait un peu genre "Oh mon dieu, j'arrive en retard en cours et je dis fuck le système, je vais brûler en Enfer, au secours !" ; l'instrumental passe relativement bien.
Schwarz : probablement la chanson la plus mature de l'album. Et pour une fois, Dieu soit loué, on n'a pas droit à un chant braillard.
Thema nr.1 : pour finir en beauté, la chanson qu'on pourrait considérer comme la plus débile de l'album ; elle peut faire rire, mais ce sera un rire jaune.
En résumé, Tokio Hotel est l'archétype même du groupe au potentiel gâché : ils auraient pu composer des morceaux moins bâclés avec des thèmes plus intéressants, mais l'appel du succès et du "j'me la pète" a été plus fort. Du coup, avec "Schrei", ils nous sortent un album formaté et peu convaincant malgré les quelques éléments à sauver. L'amateurisme, y a des fois où ça passe bien, et y a des fois où ça passe pas ; en prime, les provocations à deux balles, impossible d'y croire une seconde. Vraiment dommage.