Pour écrire une critique, il faut avoir quelque chose d'intéressant à dire, et ainsi : ne pas faire une critique.
— N'importe qui
Pascal Bouaziz sème sa poésie depuis vingt ans, et s'attache depuis deux mille seize à de nouvelles formes.
Prenant l'air de ses acolytes mendelsoniens, il sort petit à petit le premier volume d'une trilogie bruyante, l'intime Haïkus (il y a désormais une alternative aux morceaux pour baiser sans le spleen de l'amour de Murat), qui s'interpénètre avec Passages, sorti la même année ; là, l'œuvre bouazizienne prend sens, à l'instar d'un Christophe — production en allers-retours mélodiques, à travers bandes-originales et inédits (en attente la publication d'une autobiographie plus conventionnelle). Enfin, cette longue année Bouaziz se poursuit avec cet album de reprises — de reprises, oui : comme un nouvel exercice de style de l'un des derniers maîtres de la langue française musicale.
Palimpsestes de la culture mélomane d'un passionné passionnant, Pascal Bouaziz renvoie jusqu'à aujourd'hui quelques textes composés il y a un demi-siècle ; restaurateur essentiel, la puissance se révèle directe à l'écoute de l'auditeur d'habitude inattentif aux mots étrangers. Comme une rengaine, cette compilation idéale entêtante fait fis des habituels us mendelsoniens : même le morceau-long qui clôture cet album ne se contente pas de l'habituelle montée en puissance d'autres Heures ou Barbara (1983), mais s'avoue schizophrène dès les premières notes, les premiers mots prononcés.
Un hommage à ces figures, face à l'impossibilité de leur mort (sur-vie d'ici, via un tel disque, ou de là, sur Terre, en sortant leur album-du-retour — encore…), mais aussi la réaction nécessaire (ça va mal, faites-vous y) : pour une politique des peuples, et non de l'État.