Toujours accompagné par Kevin Shirley à la production, Iron Maiden revient avec un nouvel album enregistré en 2019. Le groupe n'a plus rien à prouver alors ils ont misé sur un disque avec des chansons très variées.
Alors j'avoue que j'ai un peu de mal avec la production sur cet album, ça sonne un peu bordélique par moment au niveau du mixage et la voix de Bruce Dickinson est un peu en retrait. Il a vieilli d'accord, mais ne pas mettre en avant sa voix alors qu'il réussit toujours à atteindre de sacrées notes, c'est un choix que je trouve un peu saugrenu.
L'entrée en matière est plutôt réussie avec le titre éponyme, à la fois lent, épique et aventureux. Le solo est très réussi.
Stratego est un titre avec lequel j'ai du mal, je trouve ça peu marquant même si ça renoue avec le Maiden "d'avant", celui qui ne se lance pas dans un délire de progeux comme avec Seventh Son of a Seventh Son ou The Book of Souls. Ça va droit au but, mais c'est l'exemple-type de titre de l'album où je ressens le plus cette notion de bazar sonore dont je parlais plus haut. La voix, la basse, les guitares, je trouve que c'est mal équilibré, on dirait que ça ne va pas ensemble alors que sur le papier tout est réglo. Et puis Dickinson semble cracher douloureusement son refrain, ça me fait bizarre de l'entendre comme ça, un peu à la traine.
J'aime beaucoup The Writing on the Wall. Replonger dans ces mélodies aux sonorités celtiques avec Maiden, y'a un petit côté madeleine de Proust qui ressort de tout ça. Je trouve le refrain réussi, les riffs sont très beaux et même si le morceau est long, c'est très plaisant comme ambiance. On est pas dans la grandiloquence d'un Sign of the Cross, c'est plus intimiste mais ça marche quand même.
Lost in a Lost World est un morceau à tiroirs et en général les gars de Maiden savent bien faire ça. Il y a de belles idées, comme la guitare principale qui joue tout bêtement la mélodie du chant pour l'accompagner, c'est tout simple, ça aurait pu être moche mais là non. Le tempo change souvent, la signature rythmique aussi, c'est très plaisant ce genre de titres-labyrinthe quand c'est bien écrit comme ça.
Days of Future Past ça fait du bien par où ça passe, cette fois la voix est bien mixée. C'est un morceau qui bouge, avec un bon refrain, un solo impeccable et ça s'arrête pile quand il le faut.
The Time Machine et Darkest Hour sont de beaux morceaux, ils ont chacun leur propre ambiance.
L'intro de Death of the Celts est magnifique. Dickinson fait office de conteur dans ce morceau, à l'instar de Dance of Death au début des années 2000, et ça fonctionne du tonnerre. Là encore sur celle-ci je trouve la voix au top. L'un des meilleurs titres de l'album pour moi.
The Parchment et Hell on Earth suivent une structure similaire à celle de Death of the Celts : une jolie intro en son clair avec une basse très présente puis beaucoup de couplets qui s'enchainent, des soli de guitare et ça fait complètement le travail. Je préfère quand même Hell on Earth qui est plus pêchue avec le tempo qui augmente tranquillement puis retombe un peu, c'est toujours bien dosé. Et puis on a toujours ces mélodies très simples balancées à la guitare qui sont sublimes et que le groupe parvient toujours à trouver après 45 ans.
En bref malgré ces couacs de production, Senjutsu est tout de même un très bon disque d'Iron Maiden. Le groupe prouve qu'il a toujours des choses à offrir, des choses à explorer musicalement parlant et que ce n'est pas juste une sortie pour se faire un peu de fric.