En 67, les Beatles sortent de Revolver, jusque là leur meilleur album. Fatigués des tournées, ils décident de se consacrer uniquement au studio, et continuent sur leur expérimentation psychédélique entamée en 66 en écrivant Strawberry Fields Forever et Penny Lane. Leur manager refuse que ces deux chansons finissent sur leur prochain album, et elles sortent donc en single à la place. McCartney met alors en avant l'idée de créer un nouveau groupe fictif pour leur album, où les membres du Fab Four interpréteraient des nouveaux personnages. Le nom "Sergeant Pepper" viendrait en fait de Paul, qui aurait mal compris quelqu'un lui demandant le sel et le poivre, "salt and pepper". Va ainsi naitre un album qui va révolutionner la façon de faire de la musique, du concept au son lui même, en passant par la pochette. Est-ce que sa réputation de meilleur album des Beatles est surfaite ? Oui. Cela ne l'empêche pas d'être un monument de leur carrière, et le symbole d'une génération.
C'est d'ailleurs ici que McCartney prends officiellement les devants du groupe et commence à diriger les concepts musicaux, de plus en plus jusqu'aux tensions que cela causera pour les sessions de Let it Be. Et pourtant, Sgt Pepper est l'album où John, Ringo, George et Paul sont les plus unis et composent réellement ensemble, comme un groupe, alors que les deux prochains seront plus des compilations de titres individuels. L'intro Sgt Pepper-A Little Help From my Friends en est la preuve, tout comme l'excellente collaboration entre Lennon et McCartney qui conclut l'album, A Day in the Life.
Mais commençons au commencement ! L'album s'ouvre sur un riff de guitare bien rock (on ne retrouvera malheureusement pas ça sur le reste du disque !) et McCartney présente le groupe à son public. L'utilisation des cuivres est intéressantes, et le rythme lent du morceau est selon moi bien plus convaincant que la reprise du titre à la fin de l'album. On enchaine sur A Little Help From my Friends, composé par Lennon et McCartney pour Ringo. Une de ses meilleures performances vocales, et les choeurs de John et Paul dans le fond donnent selon moi le petit boost dont la chanson avait besoin. De cet album en général émane une certaine douceur, une mélancolie comme à travers She's Leaving Home, récit émouvant d'une jeune fille fuguant et abandonnant ses parents, ou même le tout mignon When I'm 64 de McCartney, que John rejeterra à tort comme de la "musique de grand mère". Harrison pour sa part fait du très bon travail à la guitare, comme sur la chanson d'introduction ou l'excellent solo de Fixing a Hole. À la composition, c'est moins ça : Within You Without You voit George retourner vers son amour pour la musique indienne mais de manière beaucoup moins réussie que sur Revolver. Ici, le morceau est beaucoup trop long, répétitif et parfois ennuyeux.
Et comment ne pas parler de Lucy un the Sky with Diamonds ? Les percussions avant le refrain me font toujours bouger la tête en rythme, il s'agit là d'une des meilleures chansons de John Lennon.
L'album se conclut sur A Day in the Life, comme je le disais une parfaite collaboration entre les deux auteurs principaux des Beatles, avec les parties envoûtantes de Lennon et le pont plus rythmé et enjoué de McCartney. Pour la première fois, pour ce qui deviendra une habitude pour McCartney (Ram, Band on the Run...) La conclusion de l'album est un grand morceau orchestral, une fantastique montée en puissance. Un grand album, même si j'ai tendance à préférer leur suivants.